Samedi 27 octobre 2007 à 15:59

Avec maman on allait se balader en forêt; on ramassait des feuilles mortes quand c'était l'automne. Et après on les collait sur des feuilles de papiers et on faisait des dessins autour.
Certains week-end on faisait des gâteaux, et puis on allait faire les courses, et j'aimais mettre les choses dans le caddie.
On prenait toujours le petit-déjeuner tous ensemble et on faisait pas chauffer le lait individuellement au micro-onde mais dans une grande casserole sur le feu. Comme ça il y avait assez pour quatre enfants.
Parce qu'avant on était quatre enfants.

Avant on fêtait noël chez grand-mère, tous ensemble. Nous on allait se coucher et maman venait nous réveiller à minuit, une fois le père noël passé. Et puis on buvait du thé. Maman elle aime beaucoup le thé :)

Papa venait nous chercher le mercredi soir, et il frappait à la porte à 18h. J'aimais pas ce bruit. On avait nos sacs d'école pour le lendemain matin. Parce que le jeudi on se levait tôt, et on allait à l'école. Mais on avait passé la soirée avec papa. Chez papa.
Moi le jeudi matin j'avais un sac en tissus avec mon doudou dedans. J'étais encore en primaire à l'époque. Et puis maman venait nous chercher à 16h30. Végas assise sagement au bout de la laisse. Et les autres enfants m'enviaient, eux aussi ils auraient voulu avoir une maman comme la mienne, qui avait un si beau chien.

Quelque fois on mettait la musique super fort et puis on dansait. Il y avait une chanson, les paroles c'était "chérie je t'aime, chéri je t'adore", et on dansait. On jouait à la playstation avec mon frère aussi, et quand il perdait, il s'énervait si fort qu'on finissait par se battre et maman nous disputait. Avant, ma soeur se tenait en bout de table sur sa chaise haute et elle mangeait à la petite cuillère. Quand on mettait le couvert, on lui mettait un bol et sa petite cuillère.

On faisait de la corde à sauter dans le jardin, et quand on allait à la boulangerie, on avait le droit à quelques bonbons. Maman achetait des jeux à gratter aussi. Une fois on avait gagné 70 francs!

On allait à la bibliothèque tous les mercredis, maman voulait qu'on lise. Et moi je prenais toujours trop de livres, alors on en mettait quelques uns sur la carte de mon frère. Parce que mon frère prenait que des BD.
On empruntait des livres d'origami, et on essayait de les faire à la maison.
Les croquettes de Végas étaient dans le garage. Et j'aimais pas trop quand je devais lui remplir sa gamelle. Parce que le garage était plein d'araignées et les croquettes ne sentaient pas bon.

Quand j'allais au collège, je trainais sur le retour avec Jeanne et Elise. On faisait les funanbules sur le petit muret qui longeait la route. Et quand je rentrais, maman préparait le gouter.
Des tartines de pain avec du beurre et du nutelas. Quand j'en parle aujourd'hui de ces tartines,les autres trouvent ça écoeurant.

Moi j'aimais ça.

Samedi 27 octobre 2007 à 11:47

Nuit. Enième soir. Miroir. Lampions.
Pour un peu on dirait une loge. La lumière de l'ampoule flanquée sur mon visage. Ça me fait une figure de sainte, j'ai la peau claire. A en être transparente.
Fond de teint. Poudre. Gloss. Eye-liner et mascara. Oh !
Je suis une jolie poupée. J'ai mis des chaussures bleues, les talons aiguilles font un léger bruit quand je marche dans le couloir. Bleue. Des chevilles jusqu'aux yeux. J'ai les pupilles dilatées. Noir sur bleu. Joli contraste.
Je me sens fatiguée. J'ai envie de voir les étoiles, de sentir l'air de la nuit sur ma peau. Mais je peux pas.

Ce soir j'ai droit aux étoiles sous verre, colorées. Bleues. Vertes. Rouges. Une lumière de spectacle. Ce soir je danse.
Mais je suis fatiguée. Il me faudrait une dose d'énergie. Pas quelque chose de fort. Ils me trouveront bien ça.
A croire que toutes les solutions sont dans les drogues.
Bien sur. Alors je vais voir les dealers de la boite. Ils m'ont déjà remarquée. Je ne suis pas le genre de fille qui passe inaperçue, j'ai de trop belles jambes. Mes talons chantent un léger rythme, j'avance vers eux. J'aurai ce dont j'ai besoin, et sans rien payer.
Oups mon briquet ! Je bas des cils et je me baisse. Comme ça leurs regards plongent dans mon décolleté.
Je suis séduisante.

Vendredi 26 octobre 2007 à 21:53

je pars. je suis fatiguée. j'ai peur et je stress. j'aime. je regrette et j'apprécie.
la vie n'est jamais vraiment très facile.
C'est symbolique au fond...
"se sentir chez soit".
Surement...

Vendredi 26 octobre 2007 à 21:36

Elle écoutait. Comme si elle s'était transformée en statue de cire. L'immobilité et la douceur.
Ces joues s'étaient doucement rosies, elle avait les yeux brillants. C'était sûrement à cause de l'éclairage du café.  Ou alors à cause de la boisson alcoolisée qui frémissait dans mon verre. Mon verre.
J'avais les deux mains bien serrées autour. Je m'accrochais à lui comme un naufragé à sa bouée. L'alcool.
Je buvais. Quelques gorgées entre chaque mot. Et je sentais la chaleur des degrés descendre le long de mon oesophage. Un poison doucement brûlant, des flammes de coton qui dégringolent au fond de mon ventre. Et puis une sensation d'envol au niveau de la gorge. Je devrais pas boire tant. C'est sur. Je devrais pas boire. Oui mais, je dois raconter ma vie, je dois avoir l'air détendu, je dois être bien dans ma peau, faire comme si j'étais au moins aussi fort qu'elle. C'est pas si facile. Alors je bois, plus que les autres, et tout de suite, ça va mieux. Ça va mieux. Et je peux parler de Louis sans être triste, je peux évoquer Claudia sans sentir mes entrailles se tordre.
Et puis comme elle m'écoutait, comme je n'avais pas terminé, comme c'était que le début et qu'on avait toute la nuit devant nous, et bah j'ai continué. Simplement.

« Et puis tu vois Lou, on fait tous des conneries. Plus ou moins graves. Ça s'trouve je suis même pas mieux que tes parents. Ptêtre que je suis pire que tous les autres.
Tu vois, j'ai rencontré Claudia, et puis elle était trop belle. Trop. Elle est devenue une obsession, elle était partout, dans chaque fille, dans chaque odeur. Il y avait elle. Autant dire que jsuis tombé amoureux. Comme un ados, comme un enfant fougueux. Jme suis…épris d'elle comme qui dirait. Fou amoureux. Avec les papillons dans le ventre, la gerbe quand elle approchait d'un autre, l'envie de les tuer tous ces connards qui la charmaient. Tu vois Lou, le genre amour passionnel. Alors je lui faisais fumer mes cigarettes juste pour avoir le droit à ses beaux yeux. Claudia a les yeux bleus Lou. Mais d'un bleu ! Comme le ciel, comme les eaux de ces putains d'îles où on ira jamais. Bleu évasion. Bleu qui change le monde et qui fait comme… Un puit. Elle a des yeux, quand tu les vois tu te demandes si elle porte des lentilles de couleurs. Son regard il est tellement… profond. Tu verras Lou, une fois que tu as posé tes yeux dans les siens, t'as plus qu'une seule idée en tête. Recommencer.
Enfin moi ça me faisait ça.
A l'époque je fumais des gitanes. Ces clopes, où t'en fumes une et t'as le cancer.
Et puis elle m'a aimé aussi. Aussi con que ça en a l'air, j'ai réussis à la séduire. Je l'ai draguée, à la dérobée, comme un ado une fois encore. Et puis quand je l'ai embrassée elle a répondu. Le langage des lèvres et des sens. Quand ma bouche a effleuré la sienne elle n'a pas détourné la tête, elle n'a pas immobilisé ses lèvres. Elle m'a répondu sans aucun mot. Et ça voulait dire qu'elle était d'accord pour que je tombe amoureux d'elle. J'ai compris ça.
Elle me donnait le droit de l'aimer. Et puis c'est devenu un devoir, un objectif. Aimer Claudia le plus longtemps possible, pour que Claudia m'aime. L'aimer plus fort que n'importe quel autre pour qu'elle ne s'en aille jamais. Pour qu'elle s'allonge encore des soirs et des soirs à mes côtés. Je la voulais, pas pour moi tout seul, mais pour moi. Je voulais qu'elle m'aime, et moi je l'ai aimé plus que tout. Et je l'aime Lou. Je l'aime.
Sauf que je sais pas. Ma connerie ça a été de faire ce que j'avais le plus peur qu'elle fasse.
Jme suis tiré.
Pourtant j'étais bien. Je vivais avec Claudia et Louis. Ils étaient mon refuge. Le seul endroit où j'étais vraiment bien.
Et puis j'ai fait comme Rose, sans savoir pourquoi, je suis partit. Et puis j'ai cherché du boulot dans des grandes villes. J'avais entendu dire qu'avec le fric on avait tout.
Peut-être que je suis parti pour ne pas la voir partir.
Mais ça a servit à rien.
Et puis quand je suis partit, il manquait quelque chose je crois. Ils étaient plus que tous les deux.
Et je suis partit sans rien leur dire. J'aurai du rester là-bas, je sais ! Partir, ça a été la plus grosse connerie de toute ma vie. Et ça a tué Louis. Il est mort. Et moi j'étais pas là. Et Claudia était toute seule. Et… »

Jme sentais mal. J'allais pleurer même. Pourtant ça allait, pourtant j'avais bu. Mais là, tout s'embrouille dans ma tête. Et je la vois qui penche la sienne sur le côté. Je divague, jme perds dans les fils de ma vie. Tellement de merdes, tellement de chose que j'arrive pas à cerner. Le pire dans tout ça c'est que je sais même pas pourquoi je suis parti. C'était juste pour voir, j'ai vu. J'ai vu et je regrette.
Mais c'est trop tard, et c'est sûrement ça qui m'arrache les tripes. Je les ai abandonnés.

Mercredi 24 octobre 2007 à 20:42

C'est symbolique au fond...



Ma famille se casse la gueule

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