Mardi 29 janvier 2008 à 21:25

Je suis désolée maman. J'aurai voulu t'aimer comme il fallait : de cet amour inconditionnel dont tout le monde parle. Maman j'aurai voulu retirer toutes ces choses de ma tête.
J'aimerai avoir 6 ans et ne me rendre compte de rien.
Mais j'en ai le double passé. L'âge où mes idées s'emmêlent, l'âge où je me noie.
Maman j'aurai voulu avoir besoin de toi. J'aurai voulu tourner la page; celle-ci et toutes les autres. Maman j'aimerai n'avoir rien perdu. J'aimerai ne pas te rentre triste. Je voulais réussir, je voulais que tu sois fière et confiante. Je voulais pas te décevoir maman. Je suis désolée de ne pas réaliser tes rêves. Ceux où nous étions deux. Désolée de ne pas aller faire les soldes avec toi, de ne pas te demander conseil. Maman je suis désolée de me passer de toi. Je suis désolée de vivre sans. D'être heureuse, mais sans toi. Maman je ne voulais pas que tout change dans ce sens-là tu sais. Je voulais pas te faire pleurer, je voulais pas pleurer pour et sans toi. ça aurait été mieux si tu passais la main dans mes cheveux en me murmurant que c'est rien. J'aurai été mieux le visage enfoui en ton sein comme une enfant, j'aurai préféré que tu sois là pour me tendre un mouchoir.
Maman j'aurai voulu rire avec toi, médire avec toi, j'aurai vouluq 'on critique toutes les autres. Maman je voulais grandir avec toi pour modèle. Je voulais que tu restes pour moi l'oeuvre à devenir. Je suis désolée. J'aimerai que tu me manques, j'aimerai avoir envie de te voir, j'aimerai avoir besoin de toi...

Lundi 28 janvier 2008 à 21:56

Ils ne savent pas mon coeur, ils t'ont mentis chéri, ils te mentent tous.
Et toi tu les crois. Nous, on les croit. Nous sommes la stupidité même tu sais, nous les aimons assez pour les croire lorsqu'ils mentent.
Ils nous mentent parce qu'ils savent que nous les croirons.
Le cercle vicieux tu sais, l'acide qu'il déverse sur tes joues pâles à chaque larme qui y courre.
Ils ne savent pas mon coeur, ils disent qu'ils ont vécu, mais ils ne nous voient pas pleurer.
Personne ne nous voit pleurer.

Et ils ne t'aimeront jamais comme je t'aime.
Et ils n'ont jamais aimé quelqu'un comme je t'aime.
Parce que sinon ils comprendraient,
jte jure qu'ils y comprennent rien, jte jure qu'ils savent pas.
Sinon ça serait pire encore. De savoir et rien.
Et Rien.

Moi j'aurai voulu savoir jouer du piano, j'aurai voulu que ma mère m'apprenne. Moi j'aurai voulu être une élève comme Aurore, j'aurai voulu m'attirer les grâces en murmurant "amen", j'aurai voulu croire que tout va bien. Quelques fois j'aimerai que mes mots soient moins sauvages. Je parle fort, je parle haut, les cris du coeurs tu sais, tout les mots pensés si fort qu'ils s'échappent par mes lèvres avant que je ne les ai compris. Et pourtant je les comprends tu sais, je les comprends, je comprends qu'ils ne comprennent pas, je comprends qu'ils croient savoir. Apres tout, quelques fois l'expérience prime sur la réfléxion. Ils savent qu'ils savent, ils ne doutent plus. ça c'est notre lot à nous. Nous on doute, nous on réalise qu'on est peut-être si futiles qu'ils le sous-entendent. Et nous ne sommes plus des gens biens. Nous ne sommes pas ce qu'ils voulaient que l'on devienne.
Les perdre comme ils perdent l'espoir qu'ils plaçaient en nous.
La notion de famille. Le magasion des sourires.
Je crois qu'il n'y a pas de place pour la passion dans cette vie. Je crois qu'elle nous bouffe, je crois qu'elle prend trop de place, qu'elle ne sait pas se taire, qu'elle ne se maitrise pas. Qu'elle se perd dans toutes ses reflexions, la passion n'est pas mature, la passion n'est pas réfléchie. Spontannée, assassine, tueuse, aimante, ô combien aimante.
J'ai appris un nouveau mot : l'hédonisme.
La passion est hédoniste, au fond. Même à la surface.

Moi je m'en fous bien de ce qu'ils pensent si je me laissais dire.
Je m'en fous bien. Qu'ils m'enchainent donc! Qu'ils me clouent la bouche! Qu'ils ouvrent mes yeux en cousant mes paupières à mes sourcils! Qu'ils hurlent! Qu'ils critiquent!
Qu'ils essaient donc!
On ne peut pas me fermer la bouche. On ne peut pas me taire.
La Passion messieurs, dames, n'est pas une chose qui se controle.
Alors elle pleure, mon dieu elle pleure! Parce qu'il y a trop. Parce qu'il n'y a pas assez. Pas assez de toi et trop des autres. Trop de désordres. Trop d'ordres. Trop de désirs à retenir. Trop de promesses à tenir.

Et j'aurai même pas voulu qu'on soit ce qu'ils veulent tu vois.
J'aurai même pas voulu leur plaire sur tous les points.
Pour rien au monde j'aurai pas voulu aimer.
Toi.
Eux.
Tous.
Et les autres.

Je sais bien qu'on les emmerde. C'est même pas volontaire, mais on les emmerde.
Non, nous ne réaliseront pas vos rêves, ils ont éttoufés les notres.

Lundi 28 janvier 2008 à 21:36

ça serait quand même pratique
si je pleurais du Biactol.

Mardi 22 janvier 2008 à 19:56

Il n'y a pas de place pour moi dans votre monde.Ni pour moi ni pour personne.
Votre monde, je m'y suis contenté d'y vivre.Vous seuls l'avez créé, je n'y ai rien construit, je n'y ai rien ajouté.Toutes ces choses, le vent, l'amour, les bruit de pas,
J'y suis pour rien. Et vous non plus.Sauf que vous avez su trouver votre place.Quelques fois vous ne savez plus, mais votre place, ou vous l'avez prise, ou on vous l'a donnée. Vous avez votre place parce que vous n'êtes pas seuls. Parce que quand vous perdrez pieds quelqu'un vous maintient la tête hors de l'eau.
Mais il n'y a pas de place pour moi dans votre monde. Rien ne m'y fait sourire, rien ne m'y retient. J'aurai voulu tout détruire, tout lâcher. Rien ne me plaisait, rien ne me faisait sourire. Tout était terne, sans vie, vomissable.
Sauf elle.
Dans votre monde il y avait Lou. Ma Lou. Mais il a fallu qu'elle parte.
Les gens finissent toujours par partir.
Mais je ne savais pas encore que quelques fois, ils reviennent.

Je ne savais pas non plus que l'amour pouvait durer, ni qu'on pouvait rester vivant hors de votre monde, qu'on pouvait s'en sortir en en construisant un autre.Un autre monde à part entière. Il a fallu que je meure pour comprendre que si vous étiez à votre place, c'est parce que vous étiez dans vos propres mondes. Chaque vie est un univers. Il faut croire que moi, je n'avais pas de vie. Ma vie c'était Lou. Et on m'a enlevé  Lou.
Alors j'ai été perdu. J'avais plus rien.Que dalle.
 Mais j'ai pas tout de suite choisis la facilité. J'ai pas voulu fuir immédiatement. J'ai demandé de l'aide…Moi Yann, j'ai demandé de l'aide ! Rendez-vous compte ! J'ai été voir ces gens que l'on nomme la famille. J'ai voulu me confier à un adulte digne de confiance.  A quelqu'un qui aurait pu m'aider, une personne avec de l'expérience, avec une bonne partie de la vie derrière elle.
Comme si les adultes avaient compris ce que moi je ne comprenais pas. La vie ne s'apprivoise pas au fil du temps. On s'y fait où on s'y meure. Moi je m'y suis tué. La seule aide que l'on m'a apportée c'est cette gifle. Ce geste de ma tante, si fort qu'il m'a immédiatement jeté dans l'abîme. Ils auraient pu me sauver, je le sais.Ils auraient pu me montrer qu'il y avait une petite place pour moi.Mais il n'y en avait pas.Ils n'avaient rien préparé pour me retenir.Pour que je sois. Alors j'ai arrêté d'être.
Et je me suis tué. Au même endroit que ma mère. Maman.
Et elle n'est pas là pourtant. J'ai voulu quitter votre monde pour celui-ci. Et j'ai espéré que ce serait différent. Ça l'est. Mais ça n'est pas mieux. C'est juste différent.
Je suis autant perdu ici qu'en bas.Mais ici j'ai Louis.
J'ai Louis mais je n'ai pas Lou.
Je n'ai pas Lou.

Je n'ai que sa vision furtive.Une jeune femme qui marche à quelques centimètres au-dessus du sol. Son allure féerique et sa volonté de croire.De survivre là où j'ai échoué.
Dieu que je suis lâche ! Et pourtant la mort m'a changé. J'ai compris beaucoup de chose, mais j'ai perdu la notion de beaucoup d'autres.
Le temps ne s'écoule plus ici. Ne restent que les regrets, les souvenirs et quelques joies passagère lorsque j'entrevois son sourire.

 

Jeudi 17 janvier 2008 à 18:46

Franck réfléchit. Ils sont blottis l'un contre l'autre. Ils sont mignons.
Au fond, tous les deux, ils se disent qu'ils s'aiment. Elle se dit qu'il l'aime, et il se dit qu'elle l'aime.
Moi d'en haut, je trouve ça mignon. Peut-être que c'est beau même.
Il y a un couple, les fesses dans la boue, au bord d'une rivière.
La ville à quelques pas, et eux dans leur extrait de campagne.
Ils se retrouvent. Et il me semble qu'ils sont bien.
Ils sont si bien.
Et elle est si belle…
Alors voilà comme ça se passe en bas. Voilà leur vie.
Franck la voit. La prend par le bras et la serre dans les siens. Il s'excuse, il l'aime, c'est trop dur sans elle. Que même s'ils ont changé ça peut marcher comme avant.
S'ils restent ensemble. S'ils restent ici.

Et ma Lou fait une lessive.
La vie continue. Sans moi.
Vous, vous êtes vivants.
Vous en avez pas souvent conscience, mais vous êtes vivants. Alors que moi je suis mort. Et je vous regarde vivre sans même que vous ne le sachiez. Je vois vos vices, je vois comme vous essayer d'être heureux. Le bonheur facile que vous vous offrez. Je vois comme vous êtes. Comme vous êtes désespérés. Comme vous avez la foi. Comme vous y croyez.
Je vois comme
vous trompez ceux qui vous aiment et comme vous perdrez ce que vous chérissiez.
Je vois tout. Je vois la vie.
Et ma Lou s'occupe de ses affaires. D'elle-même. Ma Lou vit sans moi.
Et c'est peut-être ça l'important. Qu'elle arrive à vivre.
Je l'aime. Je l'aime comme eux ils s'aiment. En différent.
Je regarde vos vies passer comme on va au théâtre. Mais j'ai chèrement payé ma place.
Je suis le spectateur anonyme.

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