Est-ce que tu crois vraiment que j’arriverai à m’en sortir sans toi ? Est-ce que je suis forcée d’y arriver ? Sache que si je me bas c’est uniquement dans l’espoir que tu reviennes. Tout me rappelle toi Franck. J’ai l’impression de percevoir ton odeur un peu partout, je me retourne après tous les hommes qui m’effleurent. Et toi, toi si loin, toi dans ton coin là-bas, toi dans ses bras à elle, tu penses que je vais m’en sortir. Naturellement, parce que selon toi ces choses là ne tuent pas Franck. Selon toi, ces choses là ne vous prennent pas la vie. Selon toi elles ne font que la donner.

Tu m’oublies Franck. Tu nous oublie. Tu sais même plus comment c’était entre nous. Tu sais même plus qu’il y avait des rayons de soleil et que tu m’embrassais sur le front. Tu sais même plus que c’était bien.
Et puis je peux pas vraiment t’en vouloir. Parce que je sais bien ce que ça fait, je sais bien qu’on y peut rien, qu’on se fait embraquer dans le truc et qu’on arrive même plus à voir les choses comme elles sont. Je sais bien les lumières dans les yeux, je sais bien à quel point elle peut t’éblouir. Et je sais bien à quel point tu peux te sentir bien, à quel point tu peux être heureux, à quel point tu voudrais vivre ça pour toujours.
  Je me dis que je ne peux pas vraiment t’en vouloir parce que j’aurai peut-être fait pareil. Parce que je sais bien que j’oubliais le reste du monde pour toi. Alors oui, tu pars, mais est-ce que j’aurai pu faire quelque chose contre ça ? Est-ce qu’à moi toute seule j’aurai pu envoyer votre amour se faire foutre ? Est-ce que j’aurai pu empêcher tout ça ? La réponse sera la même pour toutes les histoires. Je pouvais rien. Personne n’aurait pu faire quoique ce soit. Mais tu vois rien Franck, tu vois pas. Tu me vois pas, tu dis que tu penses à moi, mais t’en sais rien. Tu sais plus ce que ça veut dire de penser à quelqu’un d’autre qu’elle. Il n’y a qu’elle. Et je sais bien que quand mon image parvient jusqu’à tes yeux, tu fais tout pour la chasser et elle part d’elle-même. Je suis diluable. Je suis tellement minuscule par rapport à elle. Je vaux tellement peu.
Et c’est terrible. Parce qu’il y a quelques temps je valais tout. Il y a quelque temps j’étais l’être le plus cher de ta vie. Je sais qu’il y eut un temps où tu aurais tout fait pour moi, pour me protéger, pour me rendre heureuse, pour que je sois bien. J’étais irremplaçable n’est-ce pas ? Apparemment nous nous trompions. Apparemment tu t’es trompé et moi aussi, parce que je t’ai cru. Et c’est peut-être ça qui est si difficile. De me rendre compte à quel point tu as pu changer, à quel point elle a pu te changer. Et puis tu sais, je l’aime bien, à part le fait que tu l’aimes à ma place j’ai pas grand-chose contre elle. Elle sait rendre un homme heureux je suppose. Mais j’ai plus ma place. J’ai plus ma place avec vous et jme demande si au final je l’ai eue un jour. Je veux pas que tu sois là uniquement pour me tenir la main quand je pleure. J’aurai bien aimé retrouver les éclats de rires des premiers jours. Les soirées à base de trop de vodka où on était tous à demi morts mais où on se sentait tellement vivants. Tu sais, ces soirées où il n’y avait vraiment rien de grave et où je savais que vous étiez là, où vous saviez que j’étais là.
Aujourd’hui c’est toi qui est parti mais tu me diras que c’est moi qui suis trop loin. Que si je suis si seule je ne peux m’en prendre qu’à moi. Que j’aurai pu rester quand même.

Je ne m’attends plus à ce que tu comprennes Franck. Il n’y a que moi qui sache, je suis la seule à pouvoir gérer. Je suis toute seule et tu ne peux plus m’aider de là où tu es.