On se met ensemble, on s'y plait. Au final on fini même par s'embrasser sur la bouche. On ferme de moins en moins les yeux, on ouvre de plus en plus son coeur. Et si les choses vont mal on essaie de se convaincre que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. On s'accroche, on cherche et on trouve des solutions pour réparer tout ce qui ne fonctionne plus parce qu'on refuse de perdre quoique ce soit.
C'est vrai quoi, on a une maison, un jardin, des enfants qui y jouent, on a des amis qui nous conaissent comme un couple heureux. comment pourrions-nous briser nos rêves et les leurs sous prétexte que nous n'en pouvons plus?
Alors on se dit que les choses iront mieux quand nous aurons une deuxième voiture, une plus grande maison, quand nous aurons plus de temps, l'année prochaine, on pense que tout ira mieux quand on sera à la retraite, que les enfants auront un peu grandis.
Et puis au final quoi? Attendre pour rien, attendre pour des choses qui ne viennent pas alors qu'il y en a tellement d'autres à portée de main.
Laurent et Caroline divorcent et c'est insupportable.
Regarder l'autre dans les yeux en ressentant des choses tellement différentes que les premières années. Cette amertume au bord des lèvres, ces regrets qui étouffent. On s'en veut, on en veut à l'autre. Parce que lorsqu'on se regarde, c'est l'image de tout ce que nous avons raté qui nous revient en pleine figure. Un si beau mariage pour rien, un si grand prêt pour rien, tant de temps pris à expliquer aux enfants des choses qui finalement ne sont pas vraies. Papa et maman ne se tiendront plus jamais la main sous la table à Noël.
Bien sur que nous leur avons volé leur enfance comme ils nous ont volé la notre...
Et cette pensée grincante...Tous ces autres, toutes ces choses qui vont se dire sur notre compte. On les entends d'ici "ba oui, ils divorcent, qu'est-ce que tu veux? ça se voyait bien que ça allait plus" ou "eux? impossible! ils avaient l'air tellement heureux!". Les seules personnes qui savent réellement ce qui se passe dans un couple sont au nombre de deux, les intéressés, et encore...Au fond, peut-être que nous ne savions rien nous même puisque nous ne voulions rien savoir.