Vendredi 27 août 2010 à 10:13

J'aurai aimé que quelqu'un me prenne la main, poser ma tête sur son épaule et entendre "ne sois pas triste".
Ne sois pas triste.
Prendre le taureau par les cornes pour faire en sorte que les choses s'arrangent, pour dormir plus de trois heures par nuit et faire des rêves dont on ne se réveille pas la peur au ventre.
Ton corps chaud contre le mien, cette odeur familière, un cocon. Le temps qui passe, la pluie et le soleil qui s'alternent, nos rapports qui s'altèrent.
Sculpture d'argile, on arrondis les angles, on comble les fissures, on s'embrasse de temps en temps lorsque le ciel est un peu gris.
J'aurai voulu aussi que le piano ne s'arrête jamais, que le temps se fige, un monde sur pause. pouvoir observer chaque détail, chaque courbe, chaque ligne, chaque nuance de couleur sur ta peau tièdie.
Il ne faut pas trop devancer les choses. Ce n'est pas parce que l'on a compris comment faire que tout devient faisable.
Il faut du temps, ne pas se croire prêt trop tôt.
Ce qui est bien à nos âges, c'est qu'on a la vie devant nous.
Ils ne nous demandent pas "vous faites quoi dans la vie?", ils disent
"Qu'est ce que vous voulez faire plus tard?"

Dimanche 15 août 2010 à 22:29

écouter la pluie tomber. rentrer trempée dans un pull en laine.
Je voyage en train. Je rêvais.
Il lisait Oscar Wilde en version originale. J'oscillais entre La valse lente des tortues et Perspective on the making of America.
La place à côté de moi était libre. Premiers sourires. Ils veulent dire "je ne suis pas hostile".
Regards en coin. Les pensées à toute allure, les phrases à dire, qui restent coincées dans ma gorge.
Est-ce que c'est pareil pour lui?
Lorsque nos coudes se frolent, on ne s'écarte pas. On ne dit rien.
Légère pression de sa manche contre ma manche.
Ne rien dire. On ne sait même pas dans quelle langue se parler, anyway.
J'aurai du dire "do you know where you'll sleep tonight?", "do you wanna talk?".
J'aurai au moins du dire "bye" et lui laisser un sourire.
J'avais un autre train à prendre. je ne pouvais pas.

Je suis montée dans un autre wagon. J'avais rien dans les yeux.
Des questions peut-être, des regrets surement. Des tas de "j'aurai du. J'aurai du?"
Un jeune autre me lance "vous êtes très belle madame". Je suis vide, je flotte, je réponds merci et je file.
Ma dame. J'ai même pas encore vingt ans mon petit.

Oscar Wilde.
Dire que j'attendais ça. je me disais, "si quelqu'un vient, j'aimerai qu'il soit comme ça".
Il était comme ça.
Je l'ai à peine vu, c'est peut-être ça qui pose toute la magie.
Il lisait Oscar Wilde mais j'avais un autre train à prendre...
I should have...

Mercredi 11 août 2010 à 23:02

Des égratinures. Sur les bras, les poignets, le dos, les cuisses.
Des lignes rouges comme des ronces en colère.

Il regarde dehors. 
Dehors il y a tant de choses à faire, tant d'endroits à voir, tant d'êtres à aimer.
http://futile.cowblog.fr/images/Hell20054.jpg
Je vois des hommes. Chaque jour. Je vois leur nuque, l'ombre de leur cil sous leur yeux.
Je vois leur phalange, leurs clavicules. J'entends leurs voix, je sens leur odeur, leurs parfums. Je vois leurs artifices et leur naturel.
Je regarde leurs mains qui s'agitent, qui saissisent des objets, caressent des angles, s'appuient, pincent, grattent.
Je vois leur bras, les vêtements qu'ils portent et les regards qu'ils posent.
Je voudrais en attirer un. Etre une araignée, je sais tisser une toile, je sais attirer une proie.
A défaults d'avoir l'esprit apaisé, je leur ferais les yeux doux.
En avoir un, avoir l'impression qu'il m'aime et que je l'aime aussi.
Se saisir, se séduire, se plaire. S'attiser, s'attirer.
Finir peau contre peau. Pour la beauté du geste. pour l'attraction des corps, pour les courbes, les nuances de peaux, les couleurs. pour les ombres et les lignes de deux êtres humains enlacés. Pour graver cela, l'image d'un amour.
L'image.
Je les vois, chaque jour. Des centaines.
Des sourires, des sourcils froncés, des lèvres pincées, des yeux pétillants.
Des jeunes, des vieux. Des immatures et des mûrs. Des frivoles et des fidèles.
Des attentionnés et des malattentionés.
Je les vois.

Samedi 7 août 2010 à 11:51

Je travaille dans un supermarché.
Je dis bonjour et bonne journée, ou bonsoir et bonne soirée.
Je n'ai pas le temps de regarder les gens dans les yeux,
je suis touchée par les vieilles dames aux gestes si maladroits, par les parents si enjoués, par les jeunes couples.
Et les personnes qui passent seules à la caisse avec un montant supérieur à 25euros me trouent le coeur.
Mon mec s'est tiré. Mon mec se tire tout le temps, ensuite il revient, et il est désolé parce qu'il m'aime.
Et comme je l'aime aussi, j'en suis encore plus désolée.
Et comme je l'aime aussi, je me dis que ça ira mieux la prochaine fois.
Et la fois suivante, parfois, cela va mieux.
Et lorsque je peux enfin m'endormir à nouveau dans ses bras, mon coeur pleure, mon âme s'effrite et je voudrais passer le reste de mes nuits dans cette chaleur parfumée, enrobée de cette tendresse inéluctable, sa respiration calme qui me semble vouloir me dire que tout ira bien.
Ou plutôt, que tout va s'arranger. Tout va s'arranger.
Il peut parler en anglais depuis qu'Hawaï est passé entre nous. And he says "everything's gonna be ok".
Alors je le crois, de toutes mes forces. http://futile.cowblog.fr/images/Parisjuillet2010171.jpg

Le bonheur réside dans une bouteille de champagne.
Les bulles me font sourire, l'alcool me fait parler anglais. C'est plus facile, c'est comme si je pouvais toujours être mal interprétée, ça me donne une excuse pour dire les choses. It's easier to say what you really think when you're pretending to be someone else. Isn't it?
J'ai été confrontée une fois encore à des gens qui ne ressentent rien. Certains avancent dans la vie en détruisant les autres.
Quand j'étais petite, j'ai du vivre avec cela, quelqu'un qui n'avance qu'en détruisant les autres. Et c'était tellement injuste à mes yeux, vous savez. Tellement injuste que je ne puisse rien faire car je pesais moins de 35 kilos, mesurais moins d'1m30, et avait moins de 15années de vie derrière moi. Toutes ces années à devoir baisser les yeux et pincer les lèvres.
Et puis j'ai grandis. Tatouée, marquée au fer rouge par ces années là. Depuis, dès que l'injustice pointe son nez, dès que quelqu'un avance en détruisant les autres, je me lève, je me bats, j'en prends plein la gueule, ça me détruit un peu mais ça me procure ce sentiment, "i did the right thing".
C'était ce qu'il y avait à faire. Se taire aurait été honteux.
Seulement voilà, on a pas toujours les armes qu'il faut pour vaincre goliat.
Et on se relève souvent en titubant, cherchant de l'aide, la main dans le vide.


J'avance. Je vis, heure après heure, jour après jour.
Je vais mieux, je trace ma route.
Vous êtes si loin derrière.
Mais ça va.
Everything is gonna be ok.

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast