J’ai été écrivain. http://futile.cowblog.fr/images/IMG9991-copie-1.jpg

Que s’est-il passé depuis ?
Ai-je trop grandi ? trop aimé ? trop parlé ? trop rêvé ? trop bu ? trop réfléchi ?
J’ai du me poser trop de questions. J’ai du finir par abdiquer devant le silence des réponses.
Oui, c’est certainement ça. J’ai du grandir. J’ai du me faire violence et voir les choses en face. J’ai cru que je ne pourrai jamais devenir ce que j’étais déjà alors je suis devenue autre chose.
Mais dans mon sang, dans ma cage thoracique, il y a quelque chose qui bat. Et ce chat sur mes genoux me donne à penser que cette chose, c’est le cœur d’un écrivain.
J’avais des mots qui faisaient pleurer sans voix. J’avais les mots pour décrire les choses plus fortement qu’elles n’existaient. Je donnais des couleurs à ce qui n’en avait pas.
Je bloquais sur une phrase pendant des heures en hésitant sur un pluriel ou un singulier.
J’ai su aligner les syllabes comme des notes sur une portée. J’étais persuadée que dans tout ça, il y avait bien quelque chose de bon à vous apporter.

J’ai voulu me protéger moi-même ; j’ai tué l’écrivain.
Je n’ai pas pu l’écrire ici, mais je l’ai compris, je le sais maintenant.
L’épistolaire ne suffit pas.
Les écrivains qu’on ne lit pas, ils meurent.

Depuis, je suis. Je suis devenue. C’est encore pire.
Je m’épanche moins. Parce que je vais mieux. Je ne vous fais qu’une petite rechute passagère.
J’ai trouvé l’homme de ma vie trop tôt. Oui je sais, toujours cet amour insolent, irrésistible. Celui qu’on cherche alors qu’on le voit partout. C’est trop bête, la vie ne peut quand même pas tourner autour de ça pour tout le monde, si ?

Derrière moi il y a des histoires avortées. Tant. Trop.
Des amours auxquels je n’ai laissé aucune chance, ou si peu.
J’ai des ex avec qui je n’ai eu aucune histoire. Oui c’est un peu compliqué. Mais au fond, vous savez très bien à quel point c’est simple.
C’est une attraction inéluctable. Du pléonasme partout dans l’air. C’est du « regarde moi dans les yeux et je sais que tu ne peux plus mentir ». Car tu ne peux plus parler.
Parmi eux, il y a en a un. Il existe sans vraiment exister. Oui, c’est un peu compliqué. Mais au fond, vous savez très bien à quel point ça l’est.
Nous ne nous sommes pas retrouvés nus dans un lit, nous ne sommes pas retrouvés nus l’un en face de l’autre. C’était pourtant exactement ça, nus l’un en face de l’autre. Nous n’avions rien que nous et il faisait sombre.
Je m’en souviens comme si c’était hier, et il y a une petite amertume sur ma langue lorsque je dis que je ne l’oublierai jamais. Je ne l’oublierai jamais. C’est comme un tatouage que l’on regrette par moment. On aimerait ne plus le voir, mais on le voit quand même. Pire, on le regarde, on l’admire. On se rappelle les émotions qui l’accompagnaient, on se souvient la douleur et les complications qu’il a entrainé. Non, terminé le fa niente en plein soleil, la vie simple et sans picotements n’existe plus pendant quelques mois. Ce n’était pas quelque chose que l’on avait prévu dans le contrat, mais ça y est quand même.

Moi je le porte parfois autour du cou, son odeur me fait me retourner dans la rue, je me retourne après des inconnus. Je plonge parfois tellement profondément en moi-même pour me souvenir de tout que je suis au bord du malaise.