Dimanche 5 août 2012 à 11:02

 Dans mon lit, il n'y a pas un chat. 
Allongé sur le dos, je contemple le vide autour de moi. A cette place, il y avait un corps. Elle respirait la nuit à côté de moi et la journée, parfois, elle me faisait l'honneur de sourire en ma présence.

C'est une fille qu'on apprivoise. Mes bras ne sont pas taillés pour faire les barreaux de sa cage dorée.
C'est une pauvre petite fille riche pour qui rien n'a été facile, paradoxalement.
Sur sa peau, si on regarde bien, on peut observer les cicatrices de son histoire. C'est un exercice difficile, j'aimais m'y atteler lorsqu'elle s'endormait doucement après que j'eus retiré ses vêtements.

Je voulais la suivre partout, ne serait-ce que pour pouvoir la regarder vivre.
Son âme ne battait pas au même rythme que la mienne et il y avait entre nous un certain décalage.
J'ignore même ce que ce passé vient faire là : il y a entre nous un certain décalage.
Elle ne ressemble à personne. Son esprit a la forme d'un alambique et ses discussions ont la profondeur de ses yeux. Le soleil dessine des rêves sur ces épaules et ces jambes ne la relient pas au sol. Comme le génie impalpable, parfois, il semble que ses talons la déplacent à quelques centimètres au dessus du sol.

J'ai toujours su qu'il n'y avait pas de place pour moi dans sa vie. A défaut, comme c'est souvent le cas, j'en avais une dans son lit. La place furtive des hommes qui rassurent. Je crois bien que je n'étais là que pour ça. Je crois que j'étais né pour cette raison, pour la rassurer. Pour la faire rire et la trouver jolie. Même si nous n'étions pas liés par les mêmes sentiments, nos émotions étaient communes et la proximité que nous avions était sans équivoque.
J'avais envie d'elle pour un rien. Elle m'avait conseillé de ne jamais me retenir. Le genre de fille à garder toujours sa bouche à portée au cas où je veuille y faire un tour.

Elle avait ses troubles que je ne comprends pas. Bien sur, la situation n'était pas celle que je voulais. Bien sur, c'était douloureux au moins une fois par jour. Mais j'essayais de compenser ces foudroiements par les moments que je pouvais passer avec elle.
Seulement voilà, il y en avait d'autres. Des moments sans elle. Des moments où il me semblait qu'un réalisateur avait crié "coupez!" quelque part autour de moi sans que je ne m'en sois rendu compte. Le monde entier semblait perdre de sa magie, le ciel ne me souriait plus et je n'avais plus envie de rire.

Et ce lit vide. Ces draps froissés par un corps qui n'était pas le sien. Et cet imparfait surtout, c'est imparfait qui cache un présent comme pour illustrer notre "histoire".

Imparfaite. 
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Jeudi 3 mars 2011 à 19:19

 Tenter de s'y remettre ou de s'en détacher. On se raccroche à ce qu'on peut. 
Au bout d'un moment, on se raccroche même à un rien.
Alors au lieu d'essuyer tes larmes avec, tu remontes tes manches, et tu t'y mets.
Là où il n'est pas. Tu pries pour quelques gouttes de sang parce que c'est comme ça que les choses fonctionnent en temps normal. Quelques gouttes de sang pour se rassurer et se sentir libre d'avoir mal ou non. Et puis après tout repart jusqu'à la fois suivante. En temps normal.
Tu ne fermes plus les yeux que pour prier. Tu les gardes ouverts la nuit quand tu dors. tu ne fais plus confiance à personne. Tu te trompes toi même en te maquillant chaque jour devant un miroir sale.
Tu titubes en conduisant et tu te demandes ce que ça ferait, de foncer droit dans ce mur en ayant détaché ta ceinture.
Les pensées suicidaires, ça s'en va pas comme ça, ça reste, on ne peut pas les dissoudre, ce sont des images qui viennent. on dirait presque une solution certains jours. Foncer droit dans le mur, concrètement, puisque c'est ce que tu fais chaque jour que Dieu fait, en aimant un homme qui te rend malheureuse.
Il n'y a pas beaucoup de mots à ajouter et pourtant tu les accumules. Ils restent coincés dans ta gorge parce qu'ils n'existent pas et ils ressortent sous forme de larmes dans tes yeux. Comme c'est pathétique... 
Comme une fille trop jeune qui n'a plus d'encre sur les doigts. 
Tu as perdu ton talent, tu cours après comme après le reste, ça t'essouffle et tu meurs d'une crise d'asthme sur le bord de la route avec dans ta poche un téléphone qui ne sonne pas et un morceau de bois autour de ton cou. 
Juste avant de te retrouver stupidement dans une pharmacie. Tu ne fais plus confiance aux docteurs, ta famille est partie, l'hôpital te fait peur parce que mine de rien, tu ne veux même pas mourir. Non. Tu es comme tout le monde au fond, mourir c'est pas du tout ce que tu veux. Ce que tu veux, c'est seulement vivre mieux.
Juste avant de te retrouver stupidement toute seule chez toi à ne toujours pas saigner et à avoir les mains qui tremblent parce que c'est quand même fou que des choses comme ça puissent arriver si couramment dans la vie.
T'en as marre des films, tu n'arrives plus à lire aucun livre: ils te rappellent que tu n'écris plus. T'en as marre des drames romantiques et des histoires tragiques. Tout ces clichés te rappellent ta vie. 

Comme une fille adossée sur la porte des toilettes,http://futile.cowblog.fr/images/Parisjuillet2010005-copie-1.jpg
qui relit quatre fois une stupide notice
parce qu'elle ne peut pas comprendre
qu'au final le résultat de toute cette histoire soit "positif".

Mardi 18 janvier 2011 à 22:01

 Je regarde les angles aigus de ton visage, ton corps photographié en noir et blanc sur un fond de meuble drapé. 

J'ai l'impression de regarder quelque chose d'interdit. C'est presque malsain.

Les draps blancs sur les meubles, est-ce que c'est parce que quelqu'un est mort? Est-ce de ton enfance que tes yeux portent le deuil?
Tu n'as pas l'âge de faire ce genre de chose. Offrir le cadeau de ton corps d'enfant au monde.
Qui as-tu cru être? 
ça me fait mal, mais ça m'attire. Ta beauté met mal à l'aise. C'est comme voir quelqu'un souffrir.
Cette athttp://futile.cowblog.fr/images/ffff.jpgtraction dite inhumaine mais qui puise sa source dans l'essence même de l'être humain.
Je vois la nature dans tes yeux, je vois l'ébauche d'une vie dans le creux de ton aine, tu es à venir.
Tu étais une enfant, une femme peut-être, mais dans un corps d'enfant.
Et c'est cette innocence contrariante qui faisait tout le charme de la chose.
On voit l'âme dans tes yeux. L'âme de l'artiste, l'âme de l'écrivain, l'âme du fou. Je peux lire l'enfer dans ton regard, j'y osculte des délires amoureux et des hésitations suicidaires. Tout au plus, j'y vois l'évasion et l'espoir né de l'intelligence.
La pédophilie a été érigé au rang du crime le plus infecte mais les femmes que l'on nous vend ont une peau si lisse qu'on la croirait appartenir à une petite fille de dix ans.  "L'innocence fait vendre" comme disait l'autre.
Tu vaux tout l'or du monde.

J'espérais seulement que tu ne serais jamais à vendre.

Mercredi 8 décembre 2010 à 21:32

Combien de temps?
Bien plus que des mois...Cela se compte en année désormais, n'est-ce pas?

Est-ce que tu joues toujours aux mêmes jeux?
Je suis assis là où nous nous sommes assis ensemble.
J'ai toujours les doigts glacés, ma cigarette a toujours ce goût rance par rapport à tes lèvres.
Le matin, le soir. Je t'ai embrassée.
Et je savais que ça ne durerait pas.
A cette température, même ceux qui ne fument pas crachent de la fumée. Mon coeur est chaud, mes lèvres gercées,et mes souvenirs animés.
Je baisse les yeux pour écraser le mégot que j'ai jeté au sol.
Des gestes familiers. Je me raccroche à ça. Les toutes petites choses qui ne changent pas.
Je croyais que ton sourire était une toute petite chose. Me suis-je trompé à ce point?

Tu entends les mots d'un autre, ils résonnent dans ta tête comme l'écho de notre histoire.
"A quoi tu joues?" Sauf que, belle, je sais que tu ne jouais pas. je sais tout ce que tu ne savais pas.
Si lucide que tu puisses être, tes yeux se ferment tout seuls sur ce genre de chose. Et c'est seulement lorsque la partie est finie que tu te rends compte que tu as tout perdu.
Alors c'est vrai ce qu'on raconte? Tu n'as toujours pas compris la leçon?
Je souris dans l'obscurité, sourire qui m'arrache une petite douleur. mes lèvres gercées sans doute.

Comme à son habitude, le train n'arrive pas. Mais je ne suis pas un grand penseur, ce temps est un cadeau que tu m'offres pour que je pense à toi.
Je matérialise tes yeux, ceux où je me suis noyé sans que personne ne me sauve.
Je vois rougir tes pomettes, j'entends ton souffle juste sous mon oreille, la sensation du lit sous nous, l'amour avorté.
Tu as appris que je t'aimais jour après jour, mais tu ne l'as jamais su.
Jusqu'à aujourd'hui. Ou hier peut-être. Qui sait? J'ai oublié ta voix...

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Puisque tu ne le demande pas, je n'en ai pas trouvé d'autres. J'en ai trouvé de plus belles, de plus souriantes, de moins dangereuse, mais pas d'autres que toi. J'ai regardé leurs jambes, leurs épaules, leur décoletté. J'ai pu jouir devant les formes de leur corps mais il me fallait fermer les yeux. Elles n'avaient pas ton visage. Je mens. Elles n'avaient pas ton visage, mais je gardais les yeux ouverts.
Ce n'est pas de ma faute. Je suis humain, j'avais froid, et je ne me retrouverai plus jamais nu dans ton lit.
Je voulais te couvrir de tout ce que j'avais. Faire de moi l'homme de ta vie, et toi la femme de la mienne.
Je voulais te parler l'hivers devant une cheminée. T'apporter du champagne dans une coupe pour que tu le boives en me regardant dans les yeux. J'y aurai vu la voie lactée, le reste de l'univers, le monde et son tourbillon instoppable.
Rien de tout ça. Tu m'as donné un peu, j'ai voulu tout garder. Le goût de ta bouche, la chaleur de ta peau, la couleur de tes sous-vêtements.
C'est tellement banal au fond...
Tes lèvres qui se pincent quand j'essaie de t'embrasser pour la dernière fois.
Pourquoi est-ce que tu m'aurais manqué à moi plus qu'à un autre?

Tu sais ce que tu vaux. tu sais que tu peux avoir tout ce que tu veux. tu sais que tu m'as eu.
Nous avons compris trop tard que tu ne me voulais pas.
Ou peut-être était-ce juste à temps.

Aujourd'hui tu ne me manques plus. Sauf lorsque je pense à toi.
Mais j'ai appris cet art qu'ont beaucoup de jeunes gens de mon âge, de remplir ma tête de chiffres et de symboles, pour couvrir les mots qu'une fille qu'ils aimaient a laissé.

Vendredi 27 novembre 2009 à 23:25

Je papillone. il fait nuit, je chantonne, mes muscles endoloris.
Est-ce que tu penses à moi? Dans tes rêves peut-être y a-t-il les miens?
Je cherche ta voix, je t'aime et puisque tu me maudis je te déteste en même temps que moi.
Je me cracherai au visage si j'étais une autre mais c'est une chose que je ne sais pas faire.
Je ne voudrais pas penser à toi, ni à lui, ni à elle, ni à tout ça, ni à ce que j'ai, ni à ce que j'avais avant.
Puisque ni tes mains ni tes mots ne peuvent m'atteindre. Puisque rien n'est sensé être grave ici.

Je voudrais aller au bord de la mer, ouvrir grand les bras à l'air marin, laisser l'iode envahir mes poumons et l'eau des vagues saler ma peau.
Je voudrais aller sur une plage pour pouvoir pleurer un peu, légèrement, me soulager de ce qui me pèse. De tout ce qui ne se dit pas depuis que vous êtes partis.
Je regarde tes mains mais je ne peux pas les voir. Je me souviens d'un briquet, d'un wagon, d'un vent froid, d'une gare, une rame, un soupir et le froid qui faisait trembler ta peau. C'était mon rire qui te réchauffait. Je regardais au loin en rêvant d'aller manger quelque chose de trop cher et puis ce qu'il y avait entre nous c'était secret. Je dirais que ça ne comptait pas un autre jour.
Tes phalanges sur un bout de bois, des vibrations jusque dans mes pupilles, je pleure parce que je ne veux pas que tu partes, j'essaie de cacher mes larmes et nous fumons un joint dans un jardin.  Quel temps faisait-il quand tes bras m'enlaçaient encore?
Je dessine des fresques sur les murs, je voudrais aller au théâtre pour ressentir des choses humaines.
Je pense à toi et ça ne me fait pas rire. Je crois que je voudrais t'insulter mais je sais pas comment faire, ce serait simplement méchant crois-tu?
tu alignes des chiffres, des lettres d'un alphabet que tu ne connais pas, tu vis pour ton futur et ton présent est impalpable.
Je suis impalpable.
Une jolie, jolie, fille.  Les jolies filles ça pleure le soir quand personne ne le sait. Les jolies fille ça fait les fortes, ça sourit et ça porte des jupes courtes pour se convaincre que. point. les jolies filles ça se prend en photo, ça pose parce qu'il faut bien que ça serve à quelque chose. Puisque les jolies filles ça foire lorsque c'est aussi lucide. Elle, moi. nous sommes. des natures. nous ne sommes. pas mortes.
Nous sommes lucides. Luciole immortelle, tu vacilles devant mes yeux mais tu ne peux que t'en prendre à toi. C'est pour ça que je voudrais t'applatir entre mes doigts ou bien te mettre dans une petite boite pour que tu m'éclaires lorsque tout est sombre.
Nous avons tellement d'autres choses à faire que s'occuper les uns des autres.

Franchement.

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