Mercredi 14 novembre 2007 à 20:21

« Je l'ai détestée. Si vite que je l'avais aimée, je me suis pris à la haïr, pendant quelques minutes j'aurai voulu me lever et lui cracher dessus. Une putain. Voilà comment je la voyais. Comme une pute, une sale pute, qui sait rien faire d'autre que de bouger son cul.
Et je sais oui, que ça craint d'utiliser ces mots là. Mais y avait que ceux là dans ma tête. Et ça empirait tout. Parce que ces quelques minutes de haine se sont dissipées. Et je l'ai aimée comme avant, en plus prenant encore, parce que cette fois elle était en face de moi. Et si on mettait de côté sa poitrine assez…protubérante, si on oubliait ça, et puis si on l'imaginait un peu plus habillée, pieds nus aussi… Enfin bref, moi jsuis quand même parvenu à la revoir comme avant. Belle, pas juste bonne. Mais belle.
Elle avait coupé ses cheveux mais c'était comme si je les voyais encore tournoyer autour d'elle.
Jme suis souvenu à quel point j'avais été bien avec elle, à quel point je l'avais aimé, à quel point je l'aimais.
Mais elle avait changé, ça sautait aux yeux. Et quand même Lou, une fille comme ça semble pas être une fille bien. Alors c'était comme si je l'avais perdue pour de bon tu vois, comme si l'image que j'avais d'elle venait de se dissoudre. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle m'a vu. Elle m'a vu et elle m'a sourit.
J'ai apprécié parce qu'elle me souriait pas comme à tous les autres. Parce qu'elle m'avait reconnu.
Mais elle a passé sa langue sur ses lèvres, et c'était trop dur. C'était malsain. C'était pas ma Claudia.
Alors je suis sortis, limite en courant.
Et j'ai vomis dans le caniveau.
C'est grave hein ?
Mais jpouvais pas lutter.
Et je l'ai revue le lendemain. Elle fumait. Et elle avait un style du genre femme fatale. Elle tenait sa clope du bout des doigts et elle crachait la fumée les lèvres en cul de poule, le menton levé. Elle battait des cils, et j'aimais bien la manière qu'elle avait de faire tomber la cendre dans le cendrier.
Elle était assise là, à ta place.
Jlui ai demandé de m'expliquer c'qui s'était passé. Elle m'a expliqué l'histoire, en concis. Vite fait bien fait.
   Je pars, elle est seule avec Louis, il vieillit, il a de moins en moins de forces, elle est seule, Louis meurt, elle se tire, elle accepte le premier job qui lui tombe sous la main, elle s'installe ici, elle y reste.
Et puis il y a ce qu'elle n'a pas dit. Je sais qu'elle se drogue, je sais qu'elle boit trop, qu'elle couche un peu n'importe où avec n'importe qui, je sais qu'elle fume trop et qu'elle a beaucoup de charme pour un si petit bout de fille. Parce qu'elle joue la forte, mais je sais bien à quel point elle est restée fragile. Certaines plaies ne se referment jamais. Et cette plaie là, qui la ronge, qui l'a pourrie de l'intérieure, cette plaie qui la fait fumer des drogues douces, c'est moi.
Je suis sa douleur. Je suis celui qui l'a blessée à l'heure où elle s'y attendait le moins.

Et puis voilà. Elle m'en veut, et elle me manque. J'arrive pas à lui dire, j'arrive pas à la voir tout à fait comme avant. Je sais pas quoi faire. Et pourtant, elle m'a dit qu'elle m'aimait, elle m'a dit qu'elle voulait que je l'aime. L'ennui c'est qu'elle était défoncée. Et que j'ai pas su répondre ce qu'il fallait apparemment.
Et puis après t'es venue t'asseoir en face de moi. Et jme suis dit que toi, toi peut-être tu saurais quoi faire. »

Mardi 13 novembre 2007 à 20:56

Il pleut. Une averse. Je suis trempé jusqu'aux os. Et je suis debout sur le toit. Je sais que je vais mourir.
Peut-être pas aujourd'hui, mais je vais mourir.
Je suis au-dessus de la vie. Et la pluie est froide sur ma peau, elle s'incruste entre mes pores et mes vêtements mouillés. Je suis plein d'eau. Et ces gouttes font beaucoup de bruit. Ai-je déjà dit la vérité au moins une fois dans ma vie?
Il n'y a pas de vents, la pluie tombe droite. Un rideau d'eau, chargée de pollution. Je vois les toit, quelques fenêtres, et les trous entre les immeubles, là où siègent quelques parcs.
Il pleut. Et je sais que je vais mourir.
J'ai entendu ses pas derrière moi, malgé le bruhaha de la pluie.
Je suis désolé. s'il savait! je suis si désolé...
Il s'est arrêté, son souffle sur ma nuque. Je suis quelqu'un de sensible, je ressens ce que les autres ne remarquent pas.
Il ne sait pas que je sais. Il ne sait pas non plus que je vais mourir. Ni que nous allons tous mourir un jour. Lui compris.
C'est notre lot à tous. La mort est une assurance qui nous ai donné dès la naissance, quelque chose pour nous faire tenir, pour que l'on reste fort.
Je ne sais pas être fort, justement car je sais que je vais mourir.
Et lui, il pose sa main sur mon épaule. Mais je ne sursaute pas. Il est mon ami. Il est mon frère de coeur. Ma confiance. Mon second.
Et il pleut, je suis debout, il est là. Mais j'ai froid. Il me demande ce que je fais ici. Je lui dit que je sais. Qu'il n'est pas trop tard. Je ne me retourne pas. Ma voix lui suffit. Et j'entend sa peau se tendre sous l'effet de son sourire. Je sais qu'il ne comprend pas. La pluie tonne. Pourtant il ne s'agit pas d'un orage. Il pleut juste. Juste.
Et il me dit qu'il a quelque chose d'important à m'avouer. Il ne sais pas que je sais.
Il me prend par les épaules et m'oblige à me tourner. Faut-il vraiment avouer les grandes vérités les yeux dans les yeux. JE sais que mon regard est vide, et je sais que ça, il ne le voit pas.
Il me regarde, il inspire. "J'ai tué un homme". Et moi je ne réagit pas. Le visage fermé, les yeux vide. Je savais. Je sais.
Ce sont des choses qui arrivent. Il a tué un homme.
Et moi, n'ai-je jamais tué? J'ai brisé mes rêves, j'ai piétiné mes idéaux. J'ai vieillit trop vite sans laisser à la vie le temps de tracer des rides sur mon visages. Je suis trempé, comme si tout mon corps pleurait en même temps que le ciel.
Il n'y a pas de Dieu n'est ce pas? Non, bien sur. Il n'y en a pas.
Et il me regarde. Il ouvre grand les yeux. Et il me le répete "j'ai tué un homme". Il a tué un homme.
Bien. Et alors? Que vais-je y faire?
Je ne sais pas ramener les gens à la vie.


Il pleut. J'ai froid. et il a tué un homme.


Mardi 13 novembre 2007 à 19:07

« Franck ? »
Elle me regardait la tête inclinée, et moi je balbutiais, j'avais le regard flou, les larmes aux yeux. L'émotion était trop forte. Une mixture de culpabilité, de regrets et d'incompréhension. Jcomprenais plus ce type qui avait laissé derrière lui tout le bonheur de sa vie. C't' abrutis qui avait enfin trouvé une fille à tomber par terre, qui avait su prendre une place dans son cœur et qui l'avait ensuite laissée toute seule avec son vieil oncle. Et le pire dans tout ça, c'est que ce connard, et ba c'est moi. Voilà Franck, ce que c'est que de dévoiler sa vie à une inconnue, ça fait comme la voir de haut. Jsuis un type dégueulasse. Mais j'ai pas fais marche arrière, j'ai continué ma tragique histoire.
 

« Et dès que t'es seul, c'est plus dur. Alors pour elle c'était invivable jcrois. Et moi j'étais pas là Lou, j'étais trop loin. Et elle savait pas quoi faire, elle pouvait pas me joindre et même, je voulais pas qu'elle le fasse, jvoulais pas qu'elle y parvienne, jvoulais qu'elle s'en sorte, mais toute seule. Jvoulais pas qu'elle dépende de moi, pasque c'était comme dépendre d'elle.
 Alors je sais bien que c'était le cas, que c'est toujours le cas d'ailleurs. Je dépends d'elle, mais jvoulais pas. Pasque le plus important pour un type dans mon genre c'est d'être libre tu vois, et jpartais du principe qu'on pouvait pas être libre et aimer une fille en même temps. »

J'ai fais une pose. Je l'ai regardée, mais je la voyais pas. Je voyais la vitre derrière elle, et dans cette vitre mon reflet. Un bel homme de la buée sur les yeux. Je suis quelqu'un de flou. Pas foutu de faire les bons choix. Claudia a raison de m'en vouloir, j'ai pas su devenir un adulte responsable. Jsuis critiquable. C'est tellement risible toute cette merde.
Tout ce moi.
Et puis j'ai décalé mes yeux pour les poser sur les siens. Lou. Lou est-c'que tu me vois comme jme vois Lou ? Est-ce que jsuis vraiment un tel enfoiré ?
Et elle a répondu cette jolie fée :
 « T'as le droit de t'en vouloir Franck. »
Pourtant y avait aucune once d'agressivité dans ces yeux, elle fronçait à peine les sourcils. Oh bien sur ! J'ai vu qu'elle n'était pas très contente, qu'elle réfléchissait, sûrement.
 « Mais t'as pas le droit de culpabiliser si longtemps après. »
Je la regardais. Et puis jme suis rendu compte que j'avais la bouche entrouverte. Alors j'l'ai fermée.
Et elle m'a demandé de continuer, en sirotant sa grenadine à la paille elle tenait ses yeux rivés sur moi, les joues creusées par l'inspiration. Et je voyais le liquide rose grimper jusqu'à ses lèvres à travers la clarté du tube en plastique rayé.
 « Mais jme trompais.
Alors je savais pas ce qu'ils devenaient tous les deux. Et je voulais m'en foutre. Jle voulais ! J'ai choisis de les mettre de côté, tout juste si je voulais pas les oublier. Comme s'ils étaient des fardeaux. Et jme suis fait embauché dans une entreprise, parce que…pour mon physique je crois. Et puis j'ai su gravir les échelons, j'ai su faire les bons sourires aux bonnes personnes et utiliser les bons mots pour flatter les hauts gradés. Et je les ai rejoints ces dits « chefs ». Jsuis arrivé presque en haut de l'échelle à une vitesse incroyable, et à chaque barreau grimpé, on ajoutait un zéro à mon salaire. Tu vois Lou, jsuis quasiment riche. Mais j'ai pas ce que je veux. Jsuis sensé être ici pour régler une affaire, mais je l'ai réglée depuis longtemps. C'est sans importance maintenant. Parce que ici, j'ai trouvé ce que je voulais. J'ai trouvé ce que j'avais eu, ce qui me manquait et ce qui me manque. Ici j'ai retrouvé Claudia.
 Alors il faut que je reste. 
Je l'ai retrouvée un soir au hasard. Je l'ai vue dans la rue mais j'étais pas sur. Parce qu'inconsciemment je savais bien que je la voyais partout alors qu'elle y était pas. C'était sûrement une de ces filles qui ont la même démarche. Et cette fille que je suivais ; cette fille comme toutes les autres que j'avais réussit à mettre dans mon lit parce qu'elles lui ressemblaient ; celle-ci en particulier, on aurait dit une jumelle. Une deuxième Claudia. Je l'ai suivie et puis elle est entrée dans un bar à quelques rues d'ici. Elle était gogo danseuse. Et je l'avais vu que de dos. Claudia pouvait pas être devenue gogo danseuse. C'était pas possible.

Parce que ma Claudia elle dansait en tournant sur elle-même au milieu d'un champ de coquelicot pendant que je jouais du violon. Ma Claudia savait faire de la soupe en pelant des légumes, elle connaissait le nom des oiseaux et savait reconnaître un rouge-gorge mâle d'un rouge-gorge femelle. Elle cueillait des fleurs pour les mettre sur la table, elle chantait sans s'en rendre compte. Ma Claudia elle portait des robes qui lui tombait aux chevilles et qui embrassaient ses hanches. Elle rougissait quand je posais trop longtemps mes yeux sur elle quand je la voyais nue. Ma Claudia était tout ce qu'il y avait de plus pur.
 Elle pouvait pas danser en talons aiguilles, les jambes dénudés jusqu'à l'aine, devant une bande d'ivrognes !
Et pourtant Lou, même à la lumière blafarde de ces putains de boîtes, je l'aie reconnue. Je l'ai reconnue quand j'ai vu ses yeux. Ses yeux bleus tu sais ! J'ai su que c'était elle, que c'était la vraie.
Et j'ai été dégoûté. Dégoûté d'elle. De la retrouver comme ça, dans de telles positions, si dévêtue, si exposée. Comme un tas de viande devant lequel ils bavaient tous. »

Vendredi 9 novembre 2007 à 21:31

Il n'y a pas d'autre raison que celle du coeur quand les nottes tombent comme des gouttes de pluie
Dis moi s'il fait soleil par chez toi et si les nuages ont déserté ton ciel
Et crois moi juste si je te promets que c'est vrai
On pourra avoir une vie comme ils en veulent tous
Ici les mains n'ont plus d'importance puisque les mots s'envolent
Et tout ce que l'on laissera derrière, serre le fort contre ton coeur
et laisse moi partir quand tu me tends la main



Laisse moi fermer tes yeux quand tu les poses trop longtemps sur moi
C'est l'effet que fait une enclume sur mes poumons fragiles
L'air n'est pas une denrée rare si tu te penches par la fenêtre
Et évite de vomir sur mes chaussures si tu ne vas pas bien
Je ne serais pas là pour toi.

Vendredi 2 novembre 2007 à 12:20

Ils mangent avec leurs doigts, et moi j'aimerai mieux manger avec les tiens.
Sauf que non. Point. Tu n'es pas là chéri, tu n'es plus là.
Jte boufferais cru si t'étais là. Jte jure. Planter mes dents dans ta peau si claire et y laisser mes empreintes dentaires. Des traces rouges sur ta pureté épidermiale. Qu'est-ce qu'ils en savent eux de si je t'aime pas, de si j'aime ou pas.
Pasque dès que tu te tires, tout prend un gout rance, et j'ai qu'une envie c'est que tu reviennes, avec une jambe en moins s'il faut. Ce ne sont pas tes chevilles qui m'intéressent.
Alors ils s'empiffrent, et moi j'ai juste envie de courir jusqu'aux chiottes pour y dégueuler tout ce qui va pas. Pour y vomir ton abscence, mes tripes. En en voulant au monde entier de ne pas te voir comme je vois.
Ta lumière me crame les pupilles mon coeur, mais dès qu'elle s'éloigne je vois que dalle. Alors faut pas me laisser tomber tu comprends? Fallait pas me laisser tomber. Fallait pas me dire que tu m'aimais plus, même si c'tait vrai, j'aurai préféré sentir ton mensonge à travers ma peau comme des milliers d'aiguilles. J'aurai voulu que tu restes avec ton putain de sourire hypocrite sur la gueule. Et même, qu'on se voit encore, juste pour baiser s'il le faut.
Mais fallait pas que tu te tires chéri. Pasque je suis belle quand t'es pas là. J'en deviens belle pour les autres. Sauf que les autres j'en ai rien à foutre. C'est toi que je veux. Toi.
Alors je plante ma fourchette dans ce steack merdique en pensant que si le monde s'écroulait j'en rirais. Que s'ils faisaient attention ils verraient que je ne vais pas. Aller jusqu'au bout. Que je ne vais pas. Tenir.
J'avais tellement la rage, j'avais tellement la haine, je t'avais tellement en moi.
Et non.
Toi tu préferes me dire que c'est finit.
Et pourtant j'ai encore le gout de ta peau sur la langue et la trace de ta bouche dans mon cou.

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