« Je l'ai détestée. Si vite que je l'avais aimée, je me suis pris à la haïr, pendant quelques minutes j'aurai voulu me lever et lui cracher dessus. Une putain. Voilà comment je la voyais. Comme une pute, une sale pute, qui sait rien faire d'autre que de bouger son cul.
Et je sais oui, que ça craint d'utiliser ces mots là. Mais y avait que ceux là dans ma tête. Et ça empirait tout. Parce que ces quelques minutes de haine se sont dissipées. Et je l'ai aimée comme avant, en plus prenant encore, parce que cette fois elle était en face de moi. Et si on mettait de côté sa poitrine assez…protubérante, si on oubliait ça, et puis si on l'imaginait un peu plus habillée, pieds nus aussi… Enfin bref, moi jsuis quand même parvenu à la revoir comme avant. Belle, pas juste bonne. Mais belle.
Elle avait coupé ses cheveux mais c'était comme si je les voyais encore tournoyer autour d'elle.
Jme suis souvenu à quel point j'avais été bien avec elle, à quel point je l'avais aimé, à quel point je l'aimais.
Mais elle avait changé, ça sautait aux yeux. Et quand même Lou, une fille comme ça semble pas être une fille bien. Alors c'était comme si je l'avais perdue pour de bon tu vois, comme si l'image que j'avais d'elle venait de se dissoudre. Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle m'a vu. Elle m'a vu et elle m'a sourit.
J'ai apprécié parce qu'elle me souriait pas comme à tous les autres. Parce qu'elle m'avait reconnu.
Mais elle a passé sa langue sur ses lèvres, et c'était trop dur. C'était malsain. C'était pas ma Claudia.
Alors je suis sortis, limite en courant.
Et j'ai vomis dans le caniveau.
C'est grave hein ?
Mais jpouvais pas lutter.
Et je l'ai revue le lendemain. Elle fumait. Et elle avait un style du genre femme fatale. Elle tenait sa clope du bout des doigts et elle crachait la fumée les lèvres en cul de poule, le menton levé. Elle battait des cils, et j'aimais bien la manière qu'elle avait de faire tomber la cendre dans le cendrier.
Elle était assise là, à ta place.
Jlui ai demandé de m'expliquer c'qui s'était passé. Elle m'a expliqué l'histoire, en concis. Vite fait bien fait.
Je pars, elle est seule avec Louis, il vieillit, il a de moins en moins de forces, elle est seule, Louis meurt, elle se tire, elle accepte le premier job qui lui tombe sous la main, elle s'installe ici, elle y reste.
Et puis il y a ce qu'elle n'a pas dit. Je sais qu'elle se drogue, je sais qu'elle boit trop, qu'elle couche un peu n'importe où avec n'importe qui, je sais qu'elle fume trop et qu'elle a beaucoup de charme pour un si petit bout de fille. Parce qu'elle joue la forte, mais je sais bien à quel point elle est restée fragile. Certaines plaies ne se referment jamais. Et cette plaie là, qui la ronge, qui l'a pourrie de l'intérieure, cette plaie qui la fait fumer des drogues douces, c'est moi.
Je suis sa douleur. Je suis celui qui l'a blessée à l'heure où elle s'y attendait le moins.
Et puis voilà. Elle m'en veut, et elle me manque. J'arrive pas à lui dire, j'arrive pas à la voir tout à fait comme avant. Je sais pas quoi faire. Et pourtant, elle m'a dit qu'elle m'aimait, elle m'a dit qu'elle voulait que je l'aime. L'ennui c'est qu'elle était défoncée. Et que j'ai pas su répondre ce qu'il fallait apparemment.
Et puis après t'es venue t'asseoir en face de moi. Et jme suis dit que toi, toi peut-être tu saurais quoi faire. »