Mardi 1er janvier 2008 à 21:18

 Je ne me lève pas. Je sais qu'il est midi passé. Mais je ne me lève pas. Je ne veux pas me lever.
Il n'y a rien à faire dehors, je n'ai pas envie de traîner. Je ne suis à ma place nulle part tant qu'il fait jour. Tant que je ne suis pas entourée.
Et je ne suis pas entourée.
Alors je reste ici.

Je ne suis pas entourée, non. J'ai les bras emmêlés dans mes draps, les cheveux emmêlés les uns dans les autres, des nœuds capillaires et des nœuds dans mon estomac. Je crois que je ne vais pas bien, j'ai mal au ventre. Ou plutôt non, il est midi passé. C'est juste que j'ai faim. J'ai faim. Mais j'ai pas envie de me lever. Mon corps crie famine et je lui crie ta gueule. Jveux pas me lever. Il fait bon dans mon lit. Il fait seulement bon dans mon lit. Dehors il y a des gens qui meurent. Sur mes meubles il y a de la poussière, de la crasse au fond de l'évier. Même si j'ai nettoyé il y a peu. Je me sens inutile. Tout ce que je fais est détruit par le temps. Tout ce que je répare se brise à nouveau. Et tout ce que je lave se redégrade sans que je ne puisse rien y faire. Ma vie n'est rien. Je me sens rien.
A quoi bon franchement ? Puisque nous faisons toujours les mêmes gestes, puisque nos journées se déroulent toujours selon le même fuseau horaire. Nos vies ne servent absolument à rien.
Beaucoup de films commencent par « certains jours on aurait mieux fait de rester au lit ». Mais dans les films, ces cons là ne restent jamais au lit. Moi si
. Moi je ne suis pas dans un film.
Moi je ne suis nulle part. Jsuis dans un ramassis de draps, de peau et de cheveux morts.
Je suis toute seule dans mon lit, mais c'est le matin et il n'est pas froid.
Je l'ai chauffé par mes rêves.
Poétique non ?
Je ne suis pas poétique. Je suis une fille habillée de draps et de sommeil.
J'ai les paupières lourdes, les pupilles qui piquent, le ventre qui gronde. Mais je ne veux pas me lever.
Je ne veux pas sortir du lit. Je ne veux pas sortir tout court.
Je vois l'heure qui file sur le radio réveil. Les petits chiffres changent un par un à une vitesse folle.
 Je ferme les yeux, je les rouvre, et tout a changé sur ce fond noir.
 Il est 13h passées. Mais les meubles sont à la même place, j'ai toujours faim, je n'ai toujours pas envie de manger. Rien ne change et pourtant
tout passe. Les maux de cœurs, les histoire d'amour, les peurs, la jeunesse, les envies, mais surtout le temps.
Je me laisse faire par mon inconscient. Il me mène n'importe où, et je le suis. Mes muscles ne fonctionnent plus. Je m'étire dans un sens. Puis dans l'autre. Et encore, encore.
Je baille et je mes articulations craquent. Mon ventre gazouille. J'ai soif maintenant. J'ai les lèvres sèchent et il est bientôt 14h. Je ne pense pas. Je ne pense plus. Je m'envole. Je ne sais pas si je rêve ou si je suis éveillée. Je suis consciente, ça je le sais. Je suis tiède dans ces draps.
Je vais bien. Ou non. Ce n'est pas ça. Ce n'est pas que je vais bien. C'est que je ne vais pas mal.
Quand il sera 15h il faudra que je me lève, que je me lave, que je me nourrisse.
Je m'occupe de moi par devoir, comme on prend soin d'un chat de gouttière.
Parce que ce soir je sors.
Ce soir comme chaque soir je sors.
Mais c'est à cause du mauvais.
Du mauvais sort.
Et je ris toute seule dans mon lit, les yeux à demi-clos.



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