Jeudi 27 septembre 2007 à 19:13

Croire en Dieu. Ça, c'est bien une notion que j'ai jamais pu intégrer. Non mais vraiment, croire en Dieu. Comme s'il y avait quelqu'un qui veillait sur nous. Comme si le monde avait été créé, comme si le malheur n'existait pas. Si Dieu existait, il y aurait pas tant de mauvaises choses sur Terre. Si Dieu existait, on verrait pas de gamines de douze ans dans des bordels, Claudia ne danserait pas comme ça, on s'entre-tuerait pas. Si Dieu existait on pourrait s'aimer comme on voudrait. Lou et Yann aurait pu rester ensemble, moi je ne serais pas partit, et Louis ne serait pas mort. Si Dieu existait j'aurai pu être heureux toute ma vie. Et si Dieu existait, Il n'aurait pas mis tant de chagrin dans le regard de Lou.
Nan vraiment, c'est impossible. En vrai, on est seuls. On est foutrement seuls. Face à nous même. La mort c'est une fin. Un point qui termine une phrase, la dernière phrase du livre de nos vies. On est rien, et Dieu n'existe pas.

Mais je voulais pas la contredire. Parce que quelque part, moi jtrouve ça beau de croire en Dieu. C'est de l'espoir facile, elle avait raison. Croire en Dieu c'est un placebo. Un truc qui nous sert à tenir. Mais il faut savoir fermer les yeux. Ça je sais faire. Mais si je ferme les yeux,moi je vois rien. Rien. Pas de Dieu. Pas de puissance supérieure. Si je ferme les yeux je suis tout seul.

Je la regardais parler. Elle semblait attendre un jugement ou quelque chose comme ça. J'avais rien à lui donner, nos arguments se valaient. J'aurai pas pu la convaincre et elle aurait pas pu me convertir. Je suis borné. Dieu est une excuse. Une histoire qu'on raconte aux gens. On leur met de la lumière dans les yeux pour qu'ils ferment la bouche. On leur promet un paradis pour qu'ils soient sages. Moi la seule histoire qui m'intéressait pour l'instant, c'était celle de Lou… Elle l'a vu. Alors elle a continué.

« Alors j'ai prié Franck.
Ensuite j'ai du grandir. La vie m'a forcée.
Et puis je suis tombée enceinte. C'était voulu. Parce que c'était l'usage tu comprends, il fallait bien que je finisse par en faire des enfants.
Je me suis dit que j'attendrais qu'ils grandissent pour retourner auprès de Yann. Parce que je ne pouvais pas les abandonner.
Et puis je les aie eus dans mon ventre. Il était deux, et j'en sourit, je sais c'est bête. Mais je les aimais ces petites choses qui se lovaient en moi. J'étais prête à faire d'eux les enfants les plus heureux du monde. Comme s'ils étaient…un cadeau de Dieu, quelque chose pour me combler. Quelque chose qui me manquait. Et puis d'un coup j'étais plus du tout seule, jamais. Ils étaient avec moi, et je les aimais de tout mon cœur. Je voulais qu'ils soient bien avec moi, j'aurai tout donné pour eux. Ma vie même s'il le fallait. J'aurai presque pu en oublier Yann.
Et puis c'est comme ça tu vois. J'avoue que j'ai rien compris sur le coup.
Mais un matin, je me suis levée. Et puis...et puis je les aie perdus.
On appelle ça une fausse couche ou quelque chose comme ça. Mais qu'importe, je venais de perdre, encore une fois, ma raison de vivre. Je suis morte une deuxième fois. Ça m'a tuée. Et j'ai prié, j'ai prié le Ciel de m'envoyer une explication. Mille fois j'ai espéré me réveiller en me rendant compte que tout ça c'était qu'un rêve, un cauchemar parmi tant d'autres. Mais c'était réel. Trop réel.
J'en ai pleuré. Pendant des heures. Et j'exagère pas.
Les gens ne comprennent pas ça Franck. Ils ne savent pas ce que c'est que de voir mourir l'espoir d‘une vie. De sentir l'espérance vous quitter
Elle a levé les yeux vers moi. Sa voix tremblait. Il y avait tellement d'émotion dans ses paroles, tellement d'épreuves dans ce petit bout de femme. J'avais mal pour elle. Et elle croyait en Dieu ? Vraiment ? Après tout ce que ce prétendu Seigneur lui avait fait subir. Elle était forcément magique, il ne pouvait y avoir que ça. Battement de paupières, yeux secs. Mais ses lèvres tremblaient et je sentais bien qu'elle refoulait un sanglot. J'ai attendu. J'ai attendu et elle a fermé les yeux encore. Et je crois qu'elle a essuyé quelques larmes avec sa manche. Le tout sans ouvrir les yeux. Et puis elle a relevé ses paupières, rideaux merveilleux. Et elle a repris.

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