Lundi 13 août 2007 à 13:34

 « J'ai plus vraiment su quoi lui dire.
Je me suis rendue compte que c'était quand même compliqué cette histoire. Et puis je ne savais vraiment plus par où commencer. Lui expliquez…Bien sur, mais lui expliquer quoi ?
Claudia…
Pour expliquer Claudia, il fallait expliquer Louis, pour Louis il fallait que je nomme sa fille Rose ainsi que la tante de Yann… Il me fallait évidemment expliquer Yann.
Comment j'aurai pu ? Là, à brûle pourpoint !
Je ne lui ai rien expliqué.
Je lui ai promis que le lendemain, j'aurai tout mis au clair. Et Franck m'a comprise. Il a hoché la
tête en souriant, comme si je venais de lui annoncer qu'il avait gagné au loto…
Ensuite nous avons parlé de tout et de rien, de la ville.
Il vivait d'hôtel en hôtel. Il travaillait en entreprise et il avait gravit les échelons plus rapidement que n'importe qui. Il s'était un peu tué au travail en quelques sortes. Mais ça l'avait réussit. Pourtant il me semble que ça ne lui plaisait pas tant que ça les costumes…
Et puis nous nous sommes dit au revoir, et à demain.
C'était rassurant, c'était planifié. Nous n'avancions plus au hasard.
C'était comme si tout ça prenait un sens.

Et puis je suis rentrée.
J'étais légère.
Mais il fallait que je réfléchisse.
J'allais devoir parler de Yann.

Bien que j'ai pu sourire à cette soirée j'avais toujours ce manque.
Ce vide qui se creusaient dans mes entrailles.
Ce trou en moi, creusé à l'acide.
Parce qu'on peut toujours appeler les gens qui sont loin. Un coup de téléphone, une lettre, et pourquoi pas une visite si l'envie nous prend. Mais moi je ne peux pas. Je ne peux pas téléphoner à Yann, je ne peux pas lui écrire, je ne peux pas le voir.
Comment lui expliquer que Yann est mort. Et que
ces trois mots je me force à les dire, à les avaler. Je fais comme si j'étais forte vous savez. Je me le répète toute seule, comme si ça allait me fortifier. Yann est mort, Yann est mort. Je lutte contre les larmes. Parce que je refuse toutes les autres formules. Non, il ne nous a pas vraiment quitté, il n'est sûrement pas monté au ciel non. Il est mort. Il n'est plus là. Et il ne le sera jamais plus.
C'est peut-être ça le plus difficile
. Savoir qu'il n'y a plus d'espoir. Que tout mes rêves sont vains. Je me force à regarder la réalité en face, je dois digérer le fait que je ne serais plus jamais avec lui. Plus jamais.
Ça a été trop vite vous savez, la vie est bien trop courte,
il aurait du m'attendre ! Il aurait du m'attendre juste une année ! Je ne lui ai pas dit au revoir, il est partit comme ça, sans adieux, sans au revoir. Il est mort tout seul comme un grand, comme s'il était fort. Comme s'il n'avait besoin de personne.
Yann n'était pas si fort. Il cognait, il insultait. Mais tout ça c'était une parade.
Il pleurait aussi quelques fois. J'en suis certaine. Et il avait besoin de moi.
J'ai beau me dire que ce n'est pas ma faute, qu'il n'est pas mort à cause de moi. Que si j'avais pu choisir je serais restée à ses côtés. Quelques fois j'y arrive plus. J'ai ce sentiment de culpabilité là, au creux de ma gorge. Coincé. Et j'arrive pas à l'en sortir. Même si je sais que j'ai tort, que je n'y suis pour rien, qu'il a été heureux avec moi quand même… J'ai l'impression d'avoir raté quelque chose, de n'avoir pas su faire ce qu'il fallait.
Avant je me disais que ce n'était rien. Que je le retrouverais quelques années plus tard, et qu'on aurait toutes nos vies pour rattraper le temps perdu…
Toutes nos vies, mais il ne reste plus que la mienne…
Il allait falloir expliquer ça…
Que je l'aimais, plus que tout, plus que n'importe qui. Que j'aurai tout sacrifié pour qu'il soit bien.
J'ai cru qu'il m'oublierai, qu'il en trouverai une autre même !
Et comment allait réagir Franck si je m'effondrais en sanglots ?
Non, il ne fallait pas. Je devais rester dure. C'est simple finalement.
Il aurait suffit de quelques phrases. Quelque chose du genre « j'aimais un garçon, il est mort, alors je chercher n'importe quoi qui pourrait me relier à lui.  Et la seule chose que j'ai trouvée c'est cette Claudia. »
Mais il me poserait des questions, ça ne lui suffirait pas. Et je serais encore désarçonnée.
Je devais tout lui dire. Tout lui raconter. Et j'irai sûrement jusqu'aux larmes. Je ne réussirais pas à être
aussi insensible à mon propre chagrin. La douleur ne déculpe pas mes forces, elle m'affaiblit. Elle me mord au poignet et me tire vers le bas jusqu'à ce que je m'effondre.
Le seul remède c'était les bras de Yann.
Je me demande si un jour, j'en serais guérie. Si un jour je trouverais un autre pansement pour mes plaies.
J'ai arrêté de fumer, parce que sans lui les cigarettes n'avaient plus le même goût…
Son absence m'a changée.
Il me manque…. »

Par atelier-kawai le Mercredi 29 août 2007 à 20:41
Toutes mes condoléances!
 

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