Vendredi 22 juin 2007 à 20:42

Je danse.
Je danse Franck.
Et ô joie ! De constater ton absence !
La musique tonne, des coups de cœur qui résonnent jusqu'au fond des toilettes. Je connais si bien cette ambiance. J'aime tellement ça.
Les basses qui font vibrer mes poumons, mes tempes, qui me donnent mal au crâne.
Et moi je danse, je danse… Je bouge de gauche à droite et de haut en bas.
Sur la piste, sur la scène. Au dessus de tout. Je deviens l'icône de l'érotisme. Et si tu savais comme c'est plaisant cette sensation. Je suis inatteignable.
Oh mais ce déhanché ! Gauche, droite, les jambes vulgairement écartés, les yeux trop maquillés et le front brillant sous une tonne de fond de teint.
Les gens me voient, certains même me regardent.
Je les fais tous bander, je sais bien.
Quand j'y repenserai demain matin je serais dégoûtée de moi-même.
Je le sais. C'est à chaque fois pareil. Je salis ma propre image pour le plaisir de voir le désir dans leurs yeux.
Ces  hommes là ne savent pas aimer. Ils veulent, ils ne font que vouloir. C'est pourquoi ils viennent ici se bourrer la gueule et admirer mes formes. A moi et à mes copines.
Elles pensent pas comme moi celles-là. Elles, elles font ça pour l'argent. J'en entends même dire qu'elles ont honte. Pourtant on n'est pas des putes.
Dansons les filles, quoiqu'il advienne.
The show must go on.
Parce que dans ces heures là, il n'y a plus rien. Si on veut on peut tout oublier.
Laisser s'envoler notre esprit, et laisser les sons prendre le dessus. Ce sont eux qui dictent à nos corps les mouvements à faire. Sensualité, « soyez sexy » Qu'il dit. Je le suis. Je le sais.
Et quand je ne vois plus rien que l'apparition brève de couleurs flashies. Je sais que je tiens le bon bout.
Danse Claudia ! Danse !

Jusqu'à en avoir mal derrière les mollets.
Jusqu'à avoir des crampes aux hanches et en bas des reins.
Peut-être que tu comprendrais si tu n'étais pas un homme Franck. Peut-être que tu m'aurais vue autrement, peut-être ne m'aurais-tu pas jugée de la même manière…
Je suis une poupée.
Une jolie poupée animée. Une automate de chair au mouvements langoureux.
Je n'existe pas vraiment. D'ailleurs tout ça n'existe pas vraiment.
Puisque mes gestes sont désintéressés, puisque je n'ai personne à séduire à part le monde entier.
Je ne sers qu'à leur désir. Qu'à les satisfaire.
Des milliers d'anonymes pendus à mes lèvres.
Quelques gouttes de sueurs au milieu de mon ventre. J'entrevois la trace de ma naissance.
Mon nombril. Maman semble si loin à présent Franck. Toi-même tu sembles si loin.
Je suis toute seule.
Toute seule sur la piste, et je me doit de leur plaire.
Je ne suis rien qu'une fille. Une fille ensanglantée de l'intérieur.
Je suis pas dans une bonne période, mais je danse comme si de rien n'était.
Comme si…Mais en réalité c'est vrai. Il n'est rien. Rien du tout.
Moi, les lumières, la sueur, les gens. C'est rien.
Je ne suis rien.
Mais je suis tellement importante pour eux. Ils sont accrochés à mes pas attendant celui qui sera plus sensuel que les autres. Attendant celui qui pourra les faire courir jusqu'au toilettes. Et ils déverseront leur extase sur la céramique d'une cuvette mal lavée.
Ils sont comme ça ces hommes. Des plaisirs solitaires.
Moi je suis là pour alimenter leurs désirs.
Danse Claudia, danse.
Et fais tourner les têtes…
Je suis pas une putain. Pas une vraie.
Ils jouissent de mon corps.
Mais sans moi.


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