Lundi 10 septembre 2007 à 21:16

Ne m'appelez pas... Enfin si, si le coeur vous en dit.
Je travaille dans l'hôtel d'une petite ville, juste en face d'une boîte à filles.
Je suis femme de ménages. N'ayons pas peur des mots, je nettoie la merde des autres. Mais je suis payée pour ça. Il en faut bien.
si vous voulez m'appeler appelez moi Camille. Mais mon nom n'a aucune importance, puisque vous l'oublierez.
Les gens comme moi on les oublie, je ne suis pas importante, je suis juste utile.
Juste bonne à nettoyer des chambres.

Mais vous savez, j'en vois des choses...
Moi j'arrive toujours après la guerre, après l'amour. Après l'important. Puisque je ne le suis pas.
J'arrive pas à le suivre, l'important.
Bref...
Moi je suis celles qui refont les lits, qui changent les draps et qui passent l'aspirateur.
Quand on passe derière les histoires des gens on les connait.
Ou on croit les connaitre.
Je crois les connaître.
Il y a ceux qui louent une chambre pour une nuit, ceux qui sortent tout juste d'en face et qui viennent dans cet hôtel minable pour s'envoyer en l'air.
C'est moi qui passe derrière. Et tout se voit à la chambre.
Rien qu'à l'odeur.
N'ayons pas peur des mots encore une fois. Quand j'y entre ça sent la sueur, le sperme et le déodorant.
Ils sont mignons vous savez, on dirait qu'ils ont honte, ou même qu'ils pensent à moi... alors ils tente de camoufler.
Mais moi je vois tout.
Le lit dans un état post-coïtal, une tache suspecte sur les draps, des cendres sur la moquette et quelques fois même, des seringues au fond de la poubelle des toilettes.
Le monde est sale, jeunes gens, le monde est sale.
On s'aime n'importe où, n'importe comment, avec n'importe qui.
Et puis on se drogue n'importe où, n'importe comment, avec n'importe qui...
Ce monde c'est n'importe quoi. Mais c'est pour ça qu'on s'y plait.
On aime le n'importe quoi, on aime le sale, le sombre, le plaisir gratuit.
On veut tout ce qui est facile. Surtout des filles, des hommes, des drogues.
Tout ça c'est la même musique. comme par hasard.
Et moi dans tout ça...

Moi je ne suis rien. Non, je vous mens...
Je suis quelqu'un.
Mais je ne suis pas originale, je ne suis pas belle non plus.
Je suis une femme triste qui cherche le bonheur.
C'est toujours ça.
On est tous tristes, et tout le monde cherche le bonheur.
Je suis banale. Et je ne suis pourtant jamais tombée amoureuse.
Peut-être que mon boulot ne me le permet pas. J'ai pas du avoir les bons exemples.
Toutes les illustrations de l'amour que j'ai pu voir de mes propres yeux, ces draps sales, ces taches de rouges à lèvres, ces sommiers cassés... çe me donne envie de vomir.
Comme s'il n'y avait que ça. Comme s'il devait obligatoirement y avoir ça.
comme si on était des bêtes.
Mais peut-être que c'est ça la vérité...

Mais moi je vois toutes les maîtresses, tous les abus, tout les coups pour rien, pour rire. Je vois toutes les infidélités et tous les jeux du hasard.
La vie est une curieuse mélodie de soupirs...

Par je-ne-sais-plus le Mardi 11 septembre 2007 à 16:59
("Les gens comme moi on les oublie, je ne suis pas importante.")


j'aime beaucoup. c'est pas très original à dire, mais ça vient du coeur.
 

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