Mercredi 15 août 2007 à 14:05

Trois, quatre.
Le bruit étouffant de la sono, des perles de sueur autour de mon nombril, j'ai les muscles des cuisses qui faiblissent. J'en fais trop. Je me défonce pour lui, pour le reste, et principalement pour moi. Mais j'aime ça. Ça me plait que voulez vous.
Allez approche toi, jeune homme, j'aime à te plaire.
Ça fait déjà quelques heures et ton regard n'a pas ternit. Le mien non plus, tu sais bien que je ne te lâcherai plus. Tu sais bien que j'ai envie de toi maintenant, tu sais que tu peux m'avoir. Il faudra juste attendre la fin.
The Show must go on.
C'est tout les soirs pareils, patiente encore quelques temps. J'ai bientôt terminé mon numéro. Bientôt vient l'heure où le trapéziste tombe. Tout arrive tu sais bien, et rien n'est vraiment juste dans cette vie.
Je fatigue, je n'ai aucune idée de l'heure. Il fait nuit dehors, enfin je crois, mais le bar est encore plein. C'est parce que je suis en forme, c'est parce que je suis vraiment bonne, vraiment douée ce soir.
Juste parce qu'il y a quelqu'un qui m'attends. Parce que je ne suis pas seule.
Si j'y met tant de cœur c'est que je ne me bats pas que pour moi. Je lui donne ce qu'il voudrait avoir. S'il veut que je sois forte, j'obtiendrais cette force. Je peux être tout ce qu'il désire, je peux devenir ce qu'il souhaite. Juste parce qu'il est là. Pour moi.
Il croit en moi.
Pas comme dans ces putains de bouquins où les gens s'entre aident et se redonnent espoir. Pas comme dans les films à la con où la fiancée fragile regarde son amant dans les yeux pour lui dire qu'elle sera là, et qu'elle sait qu'il reviendra. Nan. C'est pas toutes ces conneries adolescentes. C'est pour de vrai, comme dans la vraie vie. Il va pas s'imaginer que je serais là pour lui jusqu'à la fin de ces jours, il va pas penser que je pourrai compter sur lui,
ni qu'il m'aidera à réaliser mes rêves.
Il croit en moi pour ce soir. Pour ce que je peux faire. Il croit en ce que je représente.
Il croit en l'envie, au désir. C'est ce que je représente. La sensualité, la lenteur pourtant acharnée, le mouvement langoureux qui fait monter la température. C'est en ça qu'il croit, c'est en moi.
Et je me dois de l'apprécier, d'avaler tout rond ce qu'il me demande et ce qu'il m'envoie. Parce que je ne suis pas le genre de filles en qui on croit facilement. Je suis le genre fée éphémère. Le genre qui dure pas, mais qui plait à fond pendant quelques minutes. On ne m'aime jamais très longtemps.
On ne m'aime jamais.

Oh Claudia ! Reprends toi ma belle ! N'abaisse pas ton sourire, ce ne sont pas les crampes qui t'arrêtent !
Même si mes joues et mes fesses me tiraillent, je me dois de rester. Rester ici. Debout en talons aiguilles, le monde des hommes à mes pieds. Tous pendus à mes lèvres. De toutes façons je ne veux pas qu'on m'aime. C'est trop dangereux.
Les lumières s'abaissent encore un peu plus, certains ne doivent plus rien voir. C'est la fin.
enfin. Je termine à genoux, les cuisses ouvertes mais la bouche close. Ça veut dire que ça suffit. Il suffit d'un détail. Et les environs se vident. Je sors de scène.
Je ne suis plus une artiste.

Je m'autorise à ne plus sourire au miroir. Je suis pas vraiment jolie comme fille, je suis belle. Je ressemble à une affiche de film, une couverture de magasine. Elles sourient pas les couvertures de magasines. Alors moi je veux plus sourire. En plus il fait froid dehors et ça va me gercer les lèvres. Ça ferait mauvaise impression. J'ai besoin d'une jolie bouche. 
Je claque la porte, « au revoir patron. » Je pense à La Dérobade. Je ne suis pas comme ça.
Et comme prévu, il est là. Appuyé le dos contre le mur, une jambe pliée. Moi je porte une jolie robe assez courte.
Noire, parce que ça fait plus mystérieux. Le mystère et la sensualité ça va bien ensemble.Lui il est mon mystère, moi je suis sa sensualité. Je suis convaincue qu'en d'autres circonstances, si j'avais été autrement. Peut-être que j'aurai pu m'entendre avec lui.

Mais on est pas là pour s'entendre hein chéri ?
Je m'approche de lui, j'ai abandonné
l'hypothèse du sourire, c'est inutile que je me donne cette peine.
Il est déjà à moi, et je suis déjà à lui.
Le reste ça n'importe pas.
La rue est déserte et la lumière du lampadaire fait comme si je devais forcément aller vers lui.
Je suis éphémère hein ? Comme un Papillon, jsuis attirée par la lumière. Et forcément, j'en crèverai. Mais c'est plus fort que moi. J'y peux rien. Absolument rien. Et j'ai vraiment pas envie de lutter.
Ses lèvres m'appellent. Pas la peine de parler, dans ces moments là les mots ça sert pas à grand-chose.
Je me colle contre lui et comme par magie, ses mains se posent sur mes reins, encerclent mes hanches, il me regarde dans les yeux, se mord les lèvres. Alors moi je l'embrasse. Les deux lèvres ou la langue ? Ça a toujours été mon hésitation. Je sais jamais. Mais là j'ai pas eu à choisir, il m'a fourré sa langue dans la bouche avec passion. Comme si on se revoyait après des années de séparation. Et il fait ça bien. Il a le goût des gitanes, le tabac, nos salives et les quelques gouttes de martini que j'ai bu avant de sortir.
Il embrasse comme s'il me connaissait, comme s'il me retrouvait.
Oh non Claudia ! Ce n'est pas le moment de penser à Franck. Surtout pas !
Et il parcourt mon dos de ses paumes. Et putain comme c'est agréable ! Il s'attarde au niveau de mon soutien-gorge, frôle mes omoplates, courre le long de ma colonne vertébrale. Et il finit par se poser sur ma nuque. Il me maintient, il est mon appui.
 « On va chez moi. » Ce n'est pas une question. On va chez moi. Parce que je n'aime pas aller chez les autres.
Comme ça c'est lui qui partira comme un voleur.
Je n'habite pas très loin.
Il est tard et seuls nos pas résonnent
. Je passe devant le café. Je ne veux pas voir.
Et puis j'ouvre la porte de l'immeuble, monte les escaliers. Il me suit. Je sais que ça me fait de jolies jambes qu'il me voie de dos pendant que je grimpe. J'ai les hanches qui ondulent et les fesses rondes.
C'est ça la vie.
Quelques fois il suffit d'être une femme pour leur plaire.
Je referme derrière lui la porte de mon studio.
Il me prend dans ses bras.

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