"Vous vous rendez compte, qu'elle porte tout ce qu'elle a?" [dixit Audrey]
Oui, en effet. Une vieille valise, un sac en plastique dont le fond a viré marron.
Des cheveux sales, un air fatigué, une odeur de pauvreté et quelques milliers de rides.
Elle marche le dos courbé sans pouvoir lever la tête.
On la bouscule ou on s'écarte de son chemin.
Surprise, en voyant cette incarnation de la déchéance en pleine rue commerciale.
Elle est vieille et elle a surement beaucoup vécu.
Vu son état, elle ne doit pas en être à son premier hiver dans la rue.
On suppose qu'elle a froid, et que ça fait longtemps qu'elle n'a pas pris une douche.
Elle ne sent pas bon non. Et elle est seule.
Est-ce-qu'elle a une famille? Des amis? est-ce-qu'elle a faim?
Et quel âge a-t-elle pour rester dehors sans en mourir à cette période de l'année?
Elle traine des pieds, n'a pas de toit.
Sa solitude la crève.
Elle marche pour avoir plus chaud elle transpire mais elle ne le sent plus. Elle ne sent plus rien, elle ne voit plus personne. Elle ne veut pas mourir, pas maintenant.
Mais au fond d'elle même elle sait bien, qu'elle ne s'en sortira pas.
Et qui sait.
Peut-être la mort viendra-t-elle combler sa solitude durant cette nuit de noël.
Après tout, ils ont dit que les températures seraient bel et bien négatives.
Elle ne verra jamais 2007.
Et elle mourra puante, seule et vieille, près d'un centre commercial parisien.