Lundi 16 juillet 2007 à 9:57

"J'ai peur d'oublier.
Peur que l'on oublie mon nom. Ou plutôt j'avais peur. Car aujourd'hui très peu de gens se souviennent de Louise. Celle qu'on appelait Lou.
Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis. A vrai dire je ne sais même pas si j'en ai réellement eu. J'ai grandit entre Yann et mes parents. Entre deux univers opposés.
Ma vie c'était soit noir soit blanc.
Les gens ont finit pas dire de moi que j'étais devenue une fille grisée... Allez savoir!

Aujourd'hui j'ai l'impression de n'être plus rien pour personne. La vie que je voulais s'accrochait à Yann et celle que l'on l'avait donné ne tenait qu'à mon mariage. Et à présent? je ne suis plus rien. Tout ça c'est de la poussière. Des vestiges d'existence.
Et maintenant j'ère. Je chercher quelque chose qui puisse me relier à une vie quasi normale. Je cherche l'amour, l'amitié, un attachement quelconque. Je veux entendre quelqu'un prononcer mon nom. J'aimerai exister à leurs yeux. Et au fond qu'importe l'enjeu.
Je veux devenir quelqu'un. Autre que ce
bout de femme meurtrie.

Je cherche Claudia. Cette fille, cette seule personne à laquelle je peux me raccrocher. Ma roue de secours, mon seul lien avec les gens que j'ai aimé.
Il y a aussi le jeune homme du café. Qui m'a demandé de l'aide, qui s'est confié à moi mais dont j'ignore le nom.
On dit que connaître une personne c'est savoir sa couleur préférée, sa date de naissance, son deuxième prénom ou même son nom de famille. C'est faux. Connaître quelqu'un c'est deviner ses envies, comprendre ses idées sa vision du monde, ses rêves. Les anniversaires et les noms ne décrivent en rien ce que nous sommes. Je m'appelle Lou, mais je n'aurai pas pensé différemment si je me nommais Flore.
Seulement, j'aimerai pouvoir me retourner à l'appelle de ce mot qui me désigne...

J'ai été au café ce soir, mais il n'y était pas. j'ai attendu deux longues heures. Il me fallait le voir. Mais il n'est pas venu. Je suis sûrement venue trop tard.
Alors je suis partie marcher. Pour fuir la ville et tous ces foyers chaleureux.
Pour fuir ce que je ne suis pas.
Et je me suis retrouvée devant une école maternelle. Le ventre plus vide que jamais. Une douleur atroce dans les entrailles. J'ai eu envie de courir, le plus loin possible, une envie de pouvoir tout quitter, quitter tout ce que j'avais perdu. tout ce que je n'avais pas. Mais je suis restée sur place. J'ai levé les yeux au ciel comme pour me redonner courage. L'air de la nuit caressant mes pores. Parce qu'il y a des soirs comme ceux-là. Où personne ne peut comprendre pourquoi vous allez si mal. Où la moindre petite contrariété peut vous anéantir.
Il y a des moments où l'on craque.
Je suis rentrée chez moi les yeux rouges et les mains glacées.
J'aurai voulu m'endormir d'un seul coup, m'évanouir dans l'imaginaire. Je ne veux pas avouer que c'est trop dur pour moi vous comprenez? Je dois aller bien! C'est mon devoir. Pour Yann.

Je suis grande maintenant. Les adultes ne devraient pas pleurer recroquevillés sur eux-mêmes, le visage dans les mains. Les adultes devraient être forts, savoir affronter la vie  en face. Prendre le taureau par les cornes tout ça... Alors pourquoi est-ce que je n'y arrive pas moi? C'est pourtant simple en réalité. C'est la vie, on se prend des coups, des fois on a du mal à cicatriser  mais ça passe. ça passe toujours. Il suffit de se dire que c'est juste un mauvais moment.
C'est juste un mauvais moment.
Alors je n'ai pas fléchit. Je ne me suis pas effondrée comme une enfant. J'ai fais le tour de l'appartement. Et j'ai lavé les vitres. J'ai eu envie de fumer, ou de boire. Moi qui étais restée sobre depuis la mort de Yann. J'ai eu envie d'avoir la tête qui tourne à cause d'autre chose que la fatigue ou le chagrin.
J'ai fermé les fenêtres, j'ai poussé les meubles et je me suis mise au milieu du salon.
avec Yann nous faisions souvent ça quand on voulait s'effondrer l'un sur l'autre avec le monde qui tangue autour de nous.
J'ai tourné mon visage vers le plafond qui me cachait les étoiles, j'ai écarté les bras et, les yeux ouverts, je me suis mise à tourner sur moi même le plus vite possible.
Puis je me suis écroulée sur le sol.
Mais il n'y avais personne avec qui rire allongé à mes côtés.
Et je suis restée là. seule. Allongée sur le dos, les yeux grands grands ouverts. Consciente que ce que je venais e faire était ridicule. ça non plus ce n'était pas un comportement adulte...
J'ai pensé à Claudia. Il me fallait la trouver. Vraiment.
son nom de m'aurait pas servit à grand chose, son identité était futile. Pour savoir si elle était la bonne Claudia il me fallait lui parler...
J'ai laissé mes pensées se lier et se délier.
Et puis je me suis endormie. A L'aube."


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