Lundi 22 octobre 2007 à 20:47

Alors je suis revenu et elle était là. Elle était encore là.
 « Bonsoir Lou. Bonsoir Franck. »
Et moi je pense à Claudia. Deux soirs que je n'suis pas allé la voir. Deux soirs que je l'aie pas vue. Deux soirs qu'elle me manque… Mais c'est pour elle tout ça hein ? C'est pour qu'elle me revienne, c'est pour qu'elle s'en sorte. Avec moi. Je veux qu'elle s'en sorte avec moi ! Je veux lui sortir la tête de l'eau, je veux qu'on réussisse à s'aimer comme avant. Je veux qu'elle arrête de coucher avec n'importe qui, qu'elle arrête de se droguer, qu'elle arrête de bosser dans un bar à putes. Elle mérite quand même mieux ma Claudia ! Elle mérite une vie facile, pas une vie de débauche. Parce qu'on a beau dire que c'est facile de baiser pour rien, de se faire un rail pour avoir des yeux qui brillent un peu mieux. Ça fatigue, ça tue même ! Et moi je ne veux pas que Claudia meure. Je ne veux pas vivre ce que Lou a vécu avec Yann. Moi je ne serais pas assez fort. Je serais trop seul.  
J'ai pas cherché à faire trente mille détours. J'avais conclu un pacte tacite avec Lou. L'histoire de sa vie contre la mienne. La vie est un contrat.
Alors on s'est assis à la table. Et cette fois c'est moi qui ai comblé le silence : 
  « Moi je sais pas parler comme un livre tu sais, alors va falloir te contenter de mon pauvre langage, de mon vocabulaire de vulgaire homme. Jvais essayer de te rendre ça joli Lou. Mais entre Claudia et moi on peut pas dire que ce soit vraiment joli. »
Elle a sourit. Elle m'a prié de commencer. Et les quelques syllabes qu'elle lançait faisaient comme des petites lucioles. Elle était jolie elle, pas comme mon histoire. Pas comme moi.
J'aurai préféré être joli garçon, raté, je suis bel homme. Et c'est beaucoup moins glorieux.
 « Claudia. Elle vivait avec Louis tu sais, Louis c'était son oncle. Celui qui a pris la place de son père. Parce que le sien était pas…fiable. A croire qu'on devient con et incompréhensif en même temps que parent. Va savoir ! En tout cas Louis c'était un type bien. Un homme comme il faut tu vois, qui sait bricoler, cuisiner, qui connaît le nom des fleurs. Le genre violoniste grisonnant. Le genre grand-père, le genre de vieil homme à qui on s'attache trop vite, tu vois ? Ces hommes là que t'admires sans savoir pourquoi, ceux qui peuvent parler pendant des heures sans que tu décroches une seconde. Tu sais, ceux qui parlent comme toi mais avec une voix grave, ces hommes qui vous tiennent en haleine par leur…éloquence. Ceux à qui la vie à tout appris mais sans les abîmer. Ceux qui sont devenus forts avec le temps. Ça c'était Louis, la force de l'âge et l'amour de l'Homme. Louis aimait Claudia comme sa fille, et il m'a aimé comme son fils.
Parce que Rose, tu sais Rose, la mère de ton Yann, elle c'était la vraie fille de Louis. Mais elle est partie comme ça, du jour au lendemain. Sur un coup de tête. Et il a plus jamais eu de nouvelles.
Alors il a pris Claudia sous son aile. Jcrois qu'il avait trop d'amour en lui pour ne pas le distribuer à tout va. »

Par Fresque le Mardi 23 octobre 2007 à 2:51
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