Vendredi 10 octobre 2008 à 11:55

J'arrive et je n'arrive même plus à distinguer les formes.
La nuit est tombée et j'y avais pas fait attention.
J'ai froid.
Il y a une énorme table ovale avec des milliers de bouteilles dessus, des verres en plastique et des gens qui rient autour. J'arrive pas trop non plus à distinguer qui est qui. Je me fie aux voix, aux odeurs et aux rayures.
Il y a du brouillard de tabac.
Et comme à chaque début,
je me demande sérieusement ce que je fous là.
ça parle fort, ça t'accole, ça sent l'alcool et l'or.
Ici on ne manque de rien.
J'ai froid.

Et puis il y a une bouteille avec des fruits dedans.
A force tu sais bien comment ça se déroule. L'alcool tue l'ennui.
Un verre. Deux. Quarante degrés qui glissent et chauffent mon oesophage. ça descend vite et bien.
On y est pas forcé. Mais quand même. J'ai chaud.
Je veux pas être la seule sobre Audrey.
Je sais que j'arriverai pas à le supporter ce soir.
Et puis c'est quand même formidable. Et je le dirais à chaque fois.
J'étais assise et j'ai vu le monde tanguer. Les images passaient devant mes yeux avec une seconde de décalage.
J'ai souris.
Et bêtement, j'ai voulu me lever.
Je cherchais Maxime. Tu sais, avant je ne comprenais pas.
Voir le monde autrement, sentir le monde autrement, entendre les sons autrement.
Je me disais que peut-être tu accentuais la chose pour qu'elle soit plus attractive.
A ce moment là je t'ai cherché pour te dire que maintenant je comprenais et que même en vrai, je trouvais ça merveilleux. Et c'était bête de chercher à partager quelque chose avec toi, c'était bête de te chercher parce que tu n'étais pas là.

Il n'est même pas dix heures et je parle brésilien. Des mots baclés et des pertes d'équilibre.
On est pas là depuis deux heures qu'on titube déjà tous.
Il n'y a pas de béquilles parce que les vraies béquilles, c'est nous. On se soutient sinon on s'étale.
J'attrape les manches qui passent devant moi.
On dirait que je vois plus très clair et je parle à des gens que j'avais oublié.
Il y a pleins d'hommes en chemises et Pilip me fait tournoyer.
Tu sais, j'ai été sage. Et si non,
j'ai pas tellement fait exprès.
Il y a des gens partout et des filles qui vident les bouteilles. Ce sont les filles populaires. Des soeurs et des amies. Ils se conaissent tous depuis leur naissance dans la soie. Je m'en fous je viens de Jean Zay.
J'ai quand même été convertie. Pour ou contre moi. Moi je vide les verres.
J'ai peur que ça s'en aille alors que les autres y arrivent. Parce que tu sais, c'est terrifiant de ne pas voir le monde comme les autres. De se sentir de côté alors qu'on a l'attitude la plus raisonnable. Toi tu y arrives.
Moi pas.
On chante dehors, on joue dedans, on tourne dehors, on rit dedans.
Il y a du bruit très fort et des ombres partout. Des milliers de bras qui m'entourent et mon corps qui se désarticule. Il y a des mains qui me touchent, mais seules deux savent comment faire.
Je m'en fous. Je danse.
Et puis tu sais, quand on passe sa main sur ma nuque comme ça en me regardant dans les yeux alors que je vois plus grand chose, ça ressemble un peu à me sauver la vie... Alors dans ce cas là, je permets qu'on attrape ma hanche pour me serrer tout contre. Dans ce cas là j'accepte de danser pour deux. C'est mon échappatoire.
Je suis pas moi, je suis mon corps. Ce sont ses pas et la musique qui me dictent quoi faire.
Comme si j'avais rien d'autre.
Et puis il faut prendre l'air, prendre ses jambes à son cou, et enfin prendre ses aises.
L'alcool délie les langues, il vous donne l'élan pour tout foutre en l'air comme pour tout arranger. On a dit des choses qu'on aurait jamais du dire, on fait des choses qu'on aurait jamais faire. On se parle parce qu'il le faut bien si on veut pas couler.
Et se raccrocher à celui qu'on aime sous peine de tomber dans les ronces sans jamais pouvoir se relever.
J'ai aimé courir après toi dans la rosée d'une nuit.
J'ai aimé tomber par terre, j'ai aimé ce ciel et ces étoiles.
Et j'ai aimé t'aimer comme ça. J'ai aimé que tu m'aimes comme ça. Parce que le reste du monde c'était plus vraiment important tant que j'avais ta peau chaude contre la mienne et tes doigts emmelés à moi.
Et revenir à la réalité, revoir le reste, c'est vraiment comme émerger.

Je suis tombée dans les escaliers. Ce matin j'ai pas sentis que le sol était un support stable.
J'ai le corps abimé et que je ne sais pas d'où viennent ces plaies.
Tu sais, c'est étrange de se dire qu'on a finis par devenir ce genre de personne.
Le genre de personne qui s'amuse ivre, qui laisse n'importe qui l'approcher sous prétexte qu'elle n'est pas "dans son état normal". C'est quelque chose entre la honte et la fascination.
Je sais qu'à la base c'est mal. Mais au fond c'est si bon...

"Si un jour, quand on aimera plus personne et que plus personne ne nous aimera..."
Quelque chose comme ça.
Et, tu t'envoles...



Par Distantwaves le Mercredi 5 novembre 2008 à 11:15
Les jeux sont dangereux, et c'est bien pour ça qu'on y joue.
 

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