Mardi 22 janvier 2008 à 19:56

Il n'y a pas de place pour moi dans votre monde.Ni pour moi ni pour personne.
Votre monde, je m'y suis contenté d'y vivre.Vous seuls l'avez créé, je n'y ai rien construit, je n'y ai rien ajouté.Toutes ces choses, le vent, l'amour, les bruit de pas,
J'y suis pour rien. Et vous non plus.Sauf que vous avez su trouver votre place.Quelques fois vous ne savez plus, mais votre place, ou vous l'avez prise, ou on vous l'a donnée. Vous avez votre place parce que vous n'êtes pas seuls. Parce que quand vous perdrez pieds quelqu'un vous maintient la tête hors de l'eau.
Mais il n'y a pas de place pour moi dans votre monde. Rien ne m'y fait sourire, rien ne m'y retient. J'aurai voulu tout détruire, tout lâcher. Rien ne me plaisait, rien ne me faisait sourire. Tout était terne, sans vie, vomissable.
Sauf elle.
Dans votre monde il y avait Lou. Ma Lou. Mais il a fallu qu'elle parte.
Les gens finissent toujours par partir.
Mais je ne savais pas encore que quelques fois, ils reviennent.

Je ne savais pas non plus que l'amour pouvait durer, ni qu'on pouvait rester vivant hors de votre monde, qu'on pouvait s'en sortir en en construisant un autre.Un autre monde à part entière. Il a fallu que je meure pour comprendre que si vous étiez à votre place, c'est parce que vous étiez dans vos propres mondes. Chaque vie est un univers. Il faut croire que moi, je n'avais pas de vie. Ma vie c'était Lou. Et on m'a enlevé  Lou.
Alors j'ai été perdu. J'avais plus rien.Que dalle.
 Mais j'ai pas tout de suite choisis la facilité. J'ai pas voulu fuir immédiatement. J'ai demandé de l'aide…Moi Yann, j'ai demandé de l'aide ! Rendez-vous compte ! J'ai été voir ces gens que l'on nomme la famille. J'ai voulu me confier à un adulte digne de confiance.  A quelqu'un qui aurait pu m'aider, une personne avec de l'expérience, avec une bonne partie de la vie derrière elle.
Comme si les adultes avaient compris ce que moi je ne comprenais pas. La vie ne s'apprivoise pas au fil du temps. On s'y fait où on s'y meure. Moi je m'y suis tué. La seule aide que l'on m'a apportée c'est cette gifle. Ce geste de ma tante, si fort qu'il m'a immédiatement jeté dans l'abîme. Ils auraient pu me sauver, je le sais.Ils auraient pu me montrer qu'il y avait une petite place pour moi.Mais il n'y en avait pas.Ils n'avaient rien préparé pour me retenir.Pour que je sois. Alors j'ai arrêté d'être.
Et je me suis tué. Au même endroit que ma mère. Maman.
Et elle n'est pas là pourtant. J'ai voulu quitter votre monde pour celui-ci. Et j'ai espéré que ce serait différent. Ça l'est. Mais ça n'est pas mieux. C'est juste différent.
Je suis autant perdu ici qu'en bas.Mais ici j'ai Louis.
J'ai Louis mais je n'ai pas Lou.
Je n'ai pas Lou.

Je n'ai que sa vision furtive.Une jeune femme qui marche à quelques centimètres au-dessus du sol. Son allure féerique et sa volonté de croire.De survivre là où j'ai échoué.
Dieu que je suis lâche ! Et pourtant la mort m'a changé. J'ai compris beaucoup de chose, mais j'ai perdu la notion de beaucoup d'autres.
Le temps ne s'écoule plus ici. Ne restent que les regrets, les souvenirs et quelques joies passagère lorsque j'entrevois son sourire.

 

Par Doska le Mercredi 23 janvier 2008 à 13:29
J'aime ton texte :)
 

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