Samedi 9 octobre 2010 à 12:34



Des sourires crispés. Des faux éclats de rire assortis à leurs ongles et leurs regards aiguisés comme des couteaux à beurre.
Vous ne faites pas le poids. Mes pupilles transpercent les cœurs.
Ce monde là n’est pas le mien. Il n’appartient à personne. Puisque tout ce qu’il faut pour y être heureux se trouve dans le contenu d’une bouteille. Dans mon ventre ça cogne. J’avoue que j’ai probablement un problème. Une légère tendance à voir  l’humanité comme un tas d’insectes grouillant dans un bocal d’eau sale, se marchant les uns sur les autres pour échapper a la noyade. C’est la loi du plus fort, les filles doivent être bonnes, notre corps a un prix, et avec la crise, ce sont soldes chaque jour.
Attraper une bouteille et boire au goulot. Si je craignais pas tant les seringues je m’injecterais directement le bonheur dans les veines. Ça fait tanguer, parler fort, rire pour rien, ce qu’elles toutes font déjà toute d’une manière si faussement naturelle. Boire pour justement ne plus avoir envie de gerber, ravaler mes larmes devant tant de déception. Je pensais valoir mieux. Je pensais avoir appris la leçon.
Paris claque sous mes talons. Asphalte humide et lumières blafardes. La capitale est magnifique. Mes pensées sont foudroyantes, il fallait bien que je les stoppe ou que je les allège. Le bien être se compte en degrés, et juste à côté, ils ont dessiné une femme enceinte qui boit, rayée d’un trait. C’est interdit. Je passe ma main sur mon ventre et je ne veux pas pleurer car je ne vois pas comment un seul d’entre eux pourrait comprendre.
Je veux partir.
 
 
Les lumières défilent derrière la vitre. Rouge, vert, bleu. Je ne m’y retrouve pas. Je fais confiance car je sais que je ne suis plus fiable moi-même. C’était si facile.
 
Ici il y a du bruit, des stroboscopes qui agressent mes yeux et cachent la laideur des visages.
Je ne pense pas à toi. Savais-tu que l’amour a sur le cerveau le même effet que l’alcool ou la drogue ? C’est prouvé scientifiquement.
Et puis, tu sais, ça ne compte pas. Rien ne compte ici, et je me demande seulement si je suis la seule à le savoir. Si justement, ils ne prennent pas ce monde là pour la réalité. Tout est fiction et quand il se colle contre moi, je ne regarde même pas son visage. Mes yeux pourraient l’exterminer et ça ne ferait pas propre. Mon esprit est ailleurs, bouger, j’ai ça dans le sang. Je suis sur pilote automatique à des années lumières de ses mains sur mes hanches, son souffle sur ma nuque, ses yeux qui cherchent un sourire ou un prénom. Le sien, je m’en tape.
Je ne pense pas à toi.
 
Je rentre chez moi en sécurité dans une bulle de cuir. J’ai vieillis de dix ans et je ferais presque un peu plus que mon âge. Il est quatre heures du matin. J’ai sur la peau l’odeur d’un homme que je ne connais pas. Je balance mes fringues par terre. Le miroir ne me dit rien. Mon corps lui n’a pas vieillis. Tout est si lisse, les cicatrices ne paraissent pas sur l’épiderme. Ton cœur qui battait dans mon ventre, je ne le sens plus.
Je claque des dents en position fœtale et je m’endors le ventre vide.
Demain n’existe plus.
http://futile.cowblog.fr/images/Parisjuillet2010169.jpg

Vendredi 24 septembre 2010 à 10:56

Sur les bancs de l'université, on écrase les mégots et on regarde passer le monde.
L'avenir est aux grandes écoles, ceux derrière nous ne savent pas écrire.
Noyés.

On se regarde, on se juge, on se trompe. Les uns les autres. et ça nous parail normal puisque désormais la norme est d'être désordonné.
On s'embrasse, on se bouscule, on se sourit et on s'insulte gentiment.
La haine vient des beaux quartiers.
J'ai les lèvres sèches et je me rends compte que je ne sais pas écrire non plus.
Peut-être qu'il ne faut pas s'ouvrir. J'ai vu dehors, le monde et sa colère. L'incompréhension, j'ai travaillé à la chaine sans pouvoir déterminer si l'homme était mauvais ou bon.
Avouez qu'il y a de quoi vouloir s'enfuir...

Vendredi 27 août 2010 à 10:13

J'aurai aimé que quelqu'un me prenne la main, poser ma tête sur son épaule et entendre "ne sois pas triste".
Ne sois pas triste.
Prendre le taureau par les cornes pour faire en sorte que les choses s'arrangent, pour dormir plus de trois heures par nuit et faire des rêves dont on ne se réveille pas la peur au ventre.
Ton corps chaud contre le mien, cette odeur familière, un cocon. Le temps qui passe, la pluie et le soleil qui s'alternent, nos rapports qui s'altèrent.
Sculpture d'argile, on arrondis les angles, on comble les fissures, on s'embrasse de temps en temps lorsque le ciel est un peu gris.
J'aurai voulu aussi que le piano ne s'arrête jamais, que le temps se fige, un monde sur pause. pouvoir observer chaque détail, chaque courbe, chaque ligne, chaque nuance de couleur sur ta peau tièdie.
Il ne faut pas trop devancer les choses. Ce n'est pas parce que l'on a compris comment faire que tout devient faisable.
Il faut du temps, ne pas se croire prêt trop tôt.
Ce qui est bien à nos âges, c'est qu'on a la vie devant nous.
Ils ne nous demandent pas "vous faites quoi dans la vie?", ils disent
"Qu'est ce que vous voulez faire plus tard?"

Dimanche 15 août 2010 à 22:29

écouter la pluie tomber. rentrer trempée dans un pull en laine.
Je voyage en train. Je rêvais.
Il lisait Oscar Wilde en version originale. J'oscillais entre La valse lente des tortues et Perspective on the making of America.
La place à côté de moi était libre. Premiers sourires. Ils veulent dire "je ne suis pas hostile".
Regards en coin. Les pensées à toute allure, les phrases à dire, qui restent coincées dans ma gorge.
Est-ce que c'est pareil pour lui?
Lorsque nos coudes se frolent, on ne s'écarte pas. On ne dit rien.
Légère pression de sa manche contre ma manche.
Ne rien dire. On ne sait même pas dans quelle langue se parler, anyway.
J'aurai du dire "do you know where you'll sleep tonight?", "do you wanna talk?".
J'aurai au moins du dire "bye" et lui laisser un sourire.
J'avais un autre train à prendre. je ne pouvais pas.

Je suis montée dans un autre wagon. J'avais rien dans les yeux.
Des questions peut-être, des regrets surement. Des tas de "j'aurai du. J'aurai du?"
Un jeune autre me lance "vous êtes très belle madame". Je suis vide, je flotte, je réponds merci et je file.
Ma dame. J'ai même pas encore vingt ans mon petit.

Oscar Wilde.
Dire que j'attendais ça. je me disais, "si quelqu'un vient, j'aimerai qu'il soit comme ça".
Il était comme ça.
Je l'ai à peine vu, c'est peut-être ça qui pose toute la magie.
Il lisait Oscar Wilde mais j'avais un autre train à prendre...
I should have...

Mercredi 11 août 2010 à 23:02

Des égratinures. Sur les bras, les poignets, le dos, les cuisses.
Des lignes rouges comme des ronces en colère.

Il regarde dehors. 
Dehors il y a tant de choses à faire, tant d'endroits à voir, tant d'êtres à aimer.
http://futile.cowblog.fr/images/Hell20054.jpg
Je vois des hommes. Chaque jour. Je vois leur nuque, l'ombre de leur cil sous leur yeux.
Je vois leur phalange, leurs clavicules. J'entends leurs voix, je sens leur odeur, leurs parfums. Je vois leurs artifices et leur naturel.
Je regarde leurs mains qui s'agitent, qui saissisent des objets, caressent des angles, s'appuient, pincent, grattent.
Je vois leur bras, les vêtements qu'ils portent et les regards qu'ils posent.
Je voudrais en attirer un. Etre une araignée, je sais tisser une toile, je sais attirer une proie.
A défaults d'avoir l'esprit apaisé, je leur ferais les yeux doux.
En avoir un, avoir l'impression qu'il m'aime et que je l'aime aussi.
Se saisir, se séduire, se plaire. S'attiser, s'attirer.
Finir peau contre peau. Pour la beauté du geste. pour l'attraction des corps, pour les courbes, les nuances de peaux, les couleurs. pour les ombres et les lignes de deux êtres humains enlacés. Pour graver cela, l'image d'un amour.
L'image.
Je les vois, chaque jour. Des centaines.
Des sourires, des sourcils froncés, des lèvres pincées, des yeux pétillants.
Des jeunes, des vieux. Des immatures et des mûrs. Des frivoles et des fidèles.
Des attentionnés et des malattentionés.
Je les vois.

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