Il pleut. Une averse. Je suis trempé jusqu'aux os. Et je suis debout sur le toit. Je sais que je vais mourir.
Peut-être pas aujourd'hui, mais je vais mourir.
Je suis au-dessus de la vie. Et la pluie est froide sur ma peau, elle s'incruste entre mes pores et mes vêtements mouillés. Je suis plein d'eau. Et ces gouttes font beaucoup de bruit. Ai-je déjà dit la vérité au moins une fois dans ma vie?
Il n'y a pas de vents, la pluie tombe droite. Un rideau d'eau, chargée de pollution. Je vois les toit, quelques fenêtres, et les trous entre les immeubles, là où siègent quelques parcs.
Il pleut. Et je sais que je vais mourir.
J'ai entendu ses pas derrière moi, malgé le bruhaha de la pluie.
Je suis désolé. s'il savait! je suis si désolé...
Il s'est arrêté, son souffle sur ma nuque. Je suis quelqu'un de sensible, je ressens ce que les autres ne remarquent pas.
Il ne sait pas que je sais. Il ne sait pas non plus que je vais mourir. Ni que nous allons tous mourir un jour. Lui compris.
C'est notre lot à tous. La mort est une assurance qui nous ai donné dès la naissance, quelque chose pour nous faire tenir, pour que l'on reste fort.
Je ne sais pas être fort, justement car je sais que je vais mourir.
Et lui, il pose sa main sur mon épaule. Mais je ne sursaute pas. Il est mon ami. Il est mon frère de coeur. Ma confiance. Mon second.
Et il pleut, je suis debout, il est là. Mais j'ai froid. Il me demande ce que je fais ici. Je lui dit que je sais. Qu'il n'est pas trop tard. Je ne me retourne pas. Ma voix lui suffit. Et j'entend sa peau se tendre sous l'effet de son sourire. Je sais qu'il ne comprend pas. La pluie tonne. Pourtant il ne s'agit pas d'un orage. Il pleut juste. Juste.
Et il me dit qu'il a quelque chose d'important à m'avouer. Il ne sais pas que je sais.
Il me prend par les épaules et m'oblige à me tourner. Faut-il vraiment avouer les grandes vérités les yeux dans les yeux. JE sais que mon regard est vide, et je sais que ça, il ne le voit pas.
Il me regarde, il inspire. "J'ai tué un homme". Et moi je ne réagit pas. Le visage fermé, les yeux vide. Je savais. Je sais.
Ce sont des choses qui arrivent. Il a tué un homme.
Et moi, n'ai-je jamais tué? J'ai brisé mes rêves, j'ai piétiné mes idéaux. J'ai vieillit trop vite sans laisser à la vie le temps de tracer des rides sur mon visages. Je suis trempé, comme si tout mon corps pleurait en même temps que le ciel.
Il n'y a pas de Dieu n'est ce pas? Non, bien sur. Il n'y en a pas.
Et il me regarde. Il ouvre grand les yeux. Et il me le répete "j'ai tué un homme". Il a tué un homme.
Bien. Et alors? Que vais-je y faire?
Je ne sais pas ramener les gens à la vie.
Il pleut. J'ai froid. et il a tué un homme.