Lundi 4 février 2008 à 19:24

Mais dis moi Papa, est ce que ça fait si mal que ça de se rendre compte qu'on a tout perdu?
Se raccrocher à moi avec un sourire d'enfant, et me surveiller quand tu sens que je m'approche du gouffre en courant. Dis moi papa, est ce que tu sais que je comprends? Est-ce que tu sais que malgré mes seize ans je sais ce que c'est de se rendre compte qu'on ne vit pas du tout la vie qu'on avait prévue? Est-ce que tu sais que je t'entends pleurer le soir, que je vois tes lèvres trembler lorsque tu t'endors sur le canapé? Est-ce que tu sais que je t'aime Papa? Que j'ai peur pour toi, et que si tu avais mon âge, je t'aimerai bien?
Est-ce que tu sais que j'ai toujours envie de t'aider, que je me sens coupable, que je la hais quand tu as les yeux rouges et que je voudrais qu'il m'arrive quelque chose de grave lorsque tu cris pour trois minutes de retard?
Papa est ce que tu sais que tu es le seul vrai parent qu'il me reste? Est ce que tu sais que tu es mon semblant de famille? Est ce que tu sens que je tiens à toi? Et que je m'inquiète quand tu me dis que "ça ira"?

Et je me demande chaque week-end quand est-ce qu'elle va partir. Je veux qu'elle s'en aille tu comprends? Même si tu l'aimes. Parce que je ne veux plus que tu l'aimes. Parce qu'elle n'est plus comme avant, et tu sais aussi bien que moi papa, qu'elle, elle ne t'aime plus.
Et tu me dis ça comme à une amie, et il y a les vestiges d'un lourd chagrin dans tes yeux clairs. Celui du jour où tu as compris. Et je suis désolée. Je suis sincèrement désolée. Parce que même moi j'y ai cru. J'ai cru que ça s'arrangerait. Quand les choses empoisonnées ne passent pas, il faut les faire passer. Alors je veux qu'elle s'en aille. Je veux qu'elle se casse de cette maison qui n'est plus sienne. Elle ici pour être quelque part. Parce que c'est pratique, et qu'elle ne cherche pas à partir. Elle est confortable cette maison, mais je ne l'y voit plus. Je sais qu'elle est là. Elle vie ici. C'est de la cohabitation. Je ne veux pas de cette cohabitation. J'aimerai cohabiter avec des amis peut-être, mais elle non.
Elle ne sert à rien, elle prend de la place, elle baisse le son de ma musique par sa présence, elle me cloue la bouche, et elle baisse mes yeux lorsque je tente un sourire. Elle est l'autorité crainte. Et ce qui me chagrine, c'est qu'elle te met mal à l'aise autant que moi. Et pourtant il arrive encore que tu l'aimes. Et moi je ne comprends pas. Toi aussi tu t'accroche sà l'espoir papa? C'est ça que tu m'as transmis? alors comme ça, toi aussi tu y crois encore quand tout est perdu? Toi aussi tu pardonnes tout à n'importe qui? Toi aussi tu es naïf et tendre? Toi aussi tu faiblis quand les autres sont tristes? Mais ce n'est pas ta faute papa. Toi tu as tout fait. Et malgré ce qu'elle dit, elle rien. Alors qu'elle s'en aille tu veux? On est très bien tout les deux. On est mieux tous les deux.
 

"Des fois j'ai envie de... (..)
_De dire ce que tu penses?
_ Oui, voilà. Mais je peux pas.
_Alors écris-le."

Samedi 2 février 2008 à 19:40

 

Alors il lui a pris la main, et elle s'est levée. Ils ont marché jusqu'à la ville. Ils ont fait le chemin inverse.
Alors il a plu.
Ils ont couru sous l'averse et elle riait. Et elle paraissait si fragile, et je la trouvais si jolie.
 Et vus d'en haut, la pluie avait déposé des paillettes sur ses cheveux.
Alors ils se sont abrités sous un porche et se sont embrassés comme font les enfants.
Ils se sont embrassés.
Et ils étaient séparés du monde par un rideau de pluie.
Et moi je trouvais ça beau, et je les ai enviés. Parce que les gens qui s'aiment brillent d'une lumière que j'ai perdue. Les gens qui s'aiment s'embrassent sous des porches et mêlent leur salive aux gouttes de pluie. Les gens qui s‘aiment changent d'odeur à force de trop se frotter l'un à l'autre. Les gens qui s'aiment sont comme Franck et Claudia à cet instant. Ils ne sont plus là. Prévert disait ça dans un de ses poèmes.
Franck et Claudia ne sont plus des enfants pourtant.
Ils se sont percés le cœur à trop avoir grandit.
Franck et Claudia s'embrassent sous la pluie, et ils ne savent pas que le monde tourne encore autour d'eux. Ils ne savent pas que la nuit tombe. Claudia n'a pas saisis qu'il était l'heure pour elle de se séparer.
Parce que le temps des gens qui s'aiment s'écoule à une vitesse folle, et que leurs meilleurs instants sont ceux où ils sont ensemble.

Oui mais dans ce village il y a une église. Dans cette église il y a Lou.
Et les cloches sonnent.
Lou à l'air d'un ange. Elle sourit comme une icône.
Elle est pâle et céleste dans la maison de son Dieu.
Les cloches sonnent et Claudia décolle sa bouche de celle de Franck.
Les cloches sonnent et les amants se sourient.
Les cloches sonnent et Claudia s'en va.
Moi je pense à Cendrillon.
Franck a un sourire niait plaqué sur le visage.

Vendredi 1er février 2008 à 8:05

L'ennui c'est que je ne me retrouve nulle part.
Il y a des mots que j'utilise souvent. "Stupide. L'ennui. Paul. a. si ça va."

Je ne me retrouve nulle part. Il y en a, ils regardent une série, ils lisent un livre, et puis ils se voient. Ils peuvent se dire "il me ressemble". "je suis comme elle".
Je ne suis pas comme Anko. Je ne suis pas comme Rukia. Ni comme Camille, ni comme Veronika.
Je ne suis pas comme Nala, ni Jasmine, ni la fille dans fight club.
Je ne me vois nulle part. Je ne peux pas trouver mon rôle.
Ma vie se joue en improvisation.
Le côté italien sûrement, Comedia Del Arte.
Papi, ta femme vient manger à la maison demain, j'espère qu'elle ira. Que je serais comme il faut.
Je suis un peu triste en ce moment. Et je ne suis même pas capable de dire si je le suis pour moi ou pour un autre.
Juste que je pleure, et que mes joues sont fragilisées par le froid.
Alors quelques fois ça pique tu sais. Et toi, tu disais que tu ne marchais pas vite, mais que tu visais bien. Tu disais que lorsqu'elle est partie ça a été la plus grande douleur de tout ton coeur. Tu disais pas que les choses se semblaient bizarres, tu disais qu'elles te ressemblaient bizarre. Tu m'as dit que tu étais malheureux aussi, parce que tes petits enfants n'allaient pas comme il fallait aller. Parce que la maladie frappait un peu partout. Et parce que tu avais perdu tes cheveux.

J'ai besoin d'un clavier. J'aurai toujours besoin d'un clavier. Parce que les lettres s'y affichent comme mes mots dans ma tête. Et tout résonne. Le glas de mes soucis voyez-vous.
Ecrire. C'est comme se cacher, c'est fuir, écrire c'est pouvoir vomir sans salir aucune cuvette, c'est pleurer sans larmes, c'est mourir un peu, à travers des caractères d'imprimerie.
Oui. Quelques fois,
nous écrivons parce que le sexe et la drogue ne suffisent plus à nous faire taire.

La seule image dans laquelle j'entrevois mon reflet c'est celle de la Passion.
Maxime et Paul m'y ont associée. Je ne sais pas comment. Je en sais pas pourquoi, ni qui en premier.
Mais je crois qu'ils ont vu juste.
Une idée abstraite. Je suis une idée abstraite.
Mais je suis quelque chose qui brule.


Je suis quelque chose qui brûle.

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