Dimanche 16 mars 2008 à 11:12


Je pense que ça va être dur de vivre sans toi quand tu ne m'aimeras plus, Franck.
Parce qu'être avec toi en tant qu'aimée, c'est juste…merveilleux.
Je savais pas tout à fait que ça finirait comme ça. Parce que je pensais que ça (re)commencerait autrement… Je pensais pas que tout serait si compliqué pour finir si simplement.
Je t'aime.
Sujet. Complément d'objet direct. Verbe.
Je t'aime. Je t'aime toi. Toi et pas un autre. Toi pas comme un autre. Je t'aime.
C'est stupide comme quelques mots peuvent bouleverser la personne à qui vous les adressez.
Franck m'a trouvée, et il m'a prise. Du bout des doigts au début.
Mais il m'a prise.
Et j'aime m'endormir allongée dans ses deux bras blancs. J'aime sentir son souffle calme dans ma nuque et ses lèvres dans le creux de mon cou. Parce que je l'aime. Et que je ne veux pas qu'il parte.
Non, je ne veux pas qu'il parte. Et je ne veux pas partir non plus.
Parce qu'il y a Lou aussi. Et Lou est une fille extraordinaire. J'aurai voulu savoir être comme elle. J'aurai voulu réussir à tout surmonter  comme elle surmonte tout. Je serai pas sortie vivante de ce qu'elle a vécu. Celui que j'aime est en vie. Et je ne sais pas si j'aurai eu le courage de le rester s'il ne l'était pas.

Dimanche 16 mars 2008 à 11:09

Parce que oui, quelques fois les choses s'arrangent. Elles arrivent toutes d'un coup, comme si l'artiste qui peignait nos destins passait un grand coup de pinceau blanc sur le noir de nos vies. Quelques fois Dieu choisis d'éclairer l'abîme dans laquelle nous nous étions laissés tomber.
Oui, quelques fois les choses s'arrangent.
Parce que je ne suis plus seule dans mon si grand appartement. Parce que j'ai trouvé ce dont j'avais besoin.
J'ai des amis.
Alors bien sur, cette phrase fait un peu bateau. Mais ceux qui ont de vrais amis peuvent la comprendre.
Ils sont là. Il y a Franck, il y a Claudia, et moi je ne suis plus seule.
Je m'appelle Lou, je suis vivante, et je ne suis plus seule.

Franck est venu emménager avec moi plutôt que de rester dans le petit hôtel où il dormait.
Ici il a sa chambre.
Ici il y a tellement de chambres…
Claudia a préféré rester là où elle était. Elle dit que c'est son nid ; que même si c'est misérable, elle s'y plait. Et puis elle n'a pas peur pour Franck. Elle a confiance en nous.
Claudia se serait entendue avec toi Yann.


Si tu n'étais pas mort, tu l'aurais aimée elle aussi. Parce qu'elle est toi en plus poussée, elle a grandit un peu plus. Elle a su se battre un peu plus. Enfin non, Claudia ne s'est pas tout à fait battue
. Claudia n'avait pas d'armes. Alors Claudia a fuit. Et elle s'en sort pourtant tu vois, Yann.
Je t'en ai voulu d'être mort. J'étais été en colère contre toi. Même si je comprenais.
Je comprends Yann, parce que moi aussi quelques fois, j'aurai voulu que tout s'arrête. Absolument tout.
Mais je suis restée.
Je comprends, mais je n'aurai pas fait pareil.
Il me reste encore cette amertume du « trop tard ». De ton absence.

 Mais ils sont là pour la combler maintenant. Ils sont avec moi. Ils m'entourent sans m'étouffer.

Franck et Claudia sont ces gens dont on a tous plus ou moins besoin. Ceux qui sont nos inverses et nos similitudes. Ils sont l'amour passionné.
Celui qu'on était nous. Ils sont ce que j'ai été. Ce que j'aurai voulu rester. Et quand je les regarde, radieux l'un à côté de l'autre ; j'ai l'impression de nous voir Yann.
Nous et notre jeunesse inconsciente. Nous et nos incertitudes. Tu te souviens, s'aimer à la va vite. N'importe où et n'importe comment.
Parce que c'est juste ce qui nous restait.
Parce que nos vies c'était ça Yann.
Et je me souviens.
Je me souviens tellement de toi, de nous, de nos idéaux.
Et ce qui me reste en travers de la gorge c'est que,
ces souvenirs là sont les derniers. Il n'y en aura pas d'autres Yann. Les seuls souvenirs que j'ai de toi ne seront pas renouvelés par d'autres.

 Tu es parti. Tu es si loin… et moi je n'ai rien oublié. Je ne veux rien oublier. Seule ta voix n'est plus si claire qu'avant. C'est difficile de se souvenir d'une voix que l'on a plus entendue depuis des années.
Je me souviens de tes yeux Yann, je me souviens quelques fois de ton odeur, je me souviens de ce que tu me disais, du futur qu'on s'imaginait. Je me souviens des bottes de pailles, des champs, je me souviens de nos fuites, de nos courses-poursuites et de nos cigarettes. Je me souviens de notre première fois et de toutes les suivantes.
Je me souviens de toutes nos premières fois. Je me souviens de la sensation de chaleur quand ta peau frôlait la mienne, je me souviens des palpitations de mon pouls quand je te voyais arriver, je me souviens du flux brûlant de tes veines quand tu effleurais mes lèvres.
Yann, je me souviens.

Mais j'ai compris une chose. Seul le présent compte.
Et là ça va Yann. Tu n'es pas là. Tu n'es plus là. Mais ça va.
Peut-être que Dieu vit seulement à travers nous. Moi je vis à travers eux.
Peut-être que tu y es pour quelque chose. Peut-être qu'ils te compensent.
Mais si jamais il y avait eu une erreur. Si jamais tu n'étais pas mort. Si jamais c'était quelqu'un d'autre d'enterré sous la pierre qui porte ton nom. Je veux bien que tu reviennes.

 Parce qu'au fond, il y a toujours certains soirs, où je me dis que tu ne pas être parti pour toujours.
Oui Yann, certains soirs je continue à t'attendre.

Samedi 16 février 2008 à 15:50

Je sais qui je suis. Je ne sais pas qui ils sont.
Mais les lumières s'éteignent à l'heure où mes rêves se rallument.
Franck tu m'attends.

 

Je suis le narrateur externe.
Je suis l'aide de l'écrivain.
Je suis la sortie de secours. Je suis celui qui est sortis.
Celui haut au dessus du monde.
Qui voit tout et qui commente.
Comment se taire, quand je les vois sur terre.

En sortant, elle lui saute au cou, ses deux bras blancs enroulés autour de sa nuque à lui. Et il la serre contre elle comme si elle était une peluche. Il enfouit son visage dans ses cheveux, et mêmes s'ils sentent le tabac froid et les vapeurs d'alcool, il s'en fiche. Il s'en fiche parce que c'est Claudia qu'il serre contre lui.
 « Je vais te présenter une fille » Qu'il lui dit.
Alors elle fronce un instant les sourcils, et il lui explique que c'est une fille qui a besoin de la rencontrer. Mais que ce n'est pas une fille dont il est amoureux.
Alors le visage de Claudia se défroisse et elle lui prend la main.
 
« Tu m'emmènes chéri ? »

 

On arrive devant le café et c'est le moment qu'elle choisis pour se tordre la cheville. Alors je ris.
Elle grimace, je ris et je vois Lou.
 « C'est elle ?
_C'est elle ».

Il m'envoie un de ces regards qui veulent tout dire. Un de ces regards d'homme vous savez. Genre, sûr de lui, assez beau mec. Le genre de regard qui fait fuir l'inquiétude.
Allons donc la voir ta jolie demoiselle !
Oh, Franck ! Cette demoiselle, c'est ta jolie rousse. C'est celle que je t'ai cru voir aimer.
C'est la fille avec des cheveux de soie. C'est celle pour laquelle je pleurais, parce qu'elle était assise à ma place en face de toi. C'est cette fille pour laquelle j'ai voulu me sentir mourir. Cette fille pour laquelle tu m'as oubliée ce soir là. Ta jolie rousse, c'est celle qui m'a rendue invisible à vos yeux. Et aujourd'hui, elle veut me voir. Aujourd'hui elle ne parait pas en colère. Elle a les yeux qui se sont envolés. Elle est assise à cette table, mais elle sourit comme à un ange. Elle sourit comme si elle n'était pas seule. Moi j'ai le sourire des filles piquées à l'héroïne, mais elle, elle a le sourire des femmes qui aiment.

 

Après on ne sait pas. Après c'est une ellipse.
Juste qu'elles se sont sourit comme deux sœurs qui se retrouvent.
Que Claudia a beaucoup rit et que Lou souriait comme quand je la prenais dans mes bras par surprise.
Juste que Franck se sentait un peu de trop, mais que alcool aidant, il riait aussi.
Alors comme ça, Claudia ne me connaissait pas le moins du monde. Alors comme ça Claudia est la cousine de Rose, de Rose, ma mère. Alors comme ça Claudia serait pour moi une sorte de tante. Et si j'étais vivant, son âge approcherait le mien. Alors comme ça Claudia fait partie de ma famille…

D'un coup on boucle la boucle.
 Et on ne sait pas trop. Elles papotent, et il entend tout juste.
Il boit et elle fume. Et Lou sourie et me raconte.
Elle me raconte comme une grand-mère conseille sa petite fille. Elle explique encore une fois qu'elle m'aime, qu'elle m'aimait. Elle explique encore une fois
qu'elle est partie, et que moi je suis mort.
Elle explique à Claudia qu'elle voulait juste la connaître. Juste savoir si elle savait.
Mais en fait non. Claudia ne savait pas.
Mais elles se parlent, et elles s'entendent.
 Elles s'entendent même très bien.

 

 

(Fin de la première partie.)

Mardi 12 février 2008 à 18:17

 

Je suis partie en courant jusque chez moi, je me suis changée et j'ai souris à mon miroir.
Je me suis sourie. La jolie poupée Claudia a perdu une dizaine d'année on dirait.
Je suis si jeune.
Et je suis si belle.
Ces talons-ci ne claquent pas lorsque je traverse la rue pavée. Ils sont si fins que je me sens comme sur des échasses, je suis au dessus. Au dessus de ce que je suis habituellement. Mais ce ne sont pas ces chaussures qui m'élèvent. C'est la joie. Je me sens juste…bien. Juste bien.
C'est un bonheur platonique. Une chose chaude et douce, lovée à l'intérieur de mon ventre.
C'est le symbole du rien, de tout. Le bonheur c'est quand les emmerdes s'arrêtent. Alors voilà. Les emmerdent s'arrêtent.
Avec mes talons silencieux, traversant cette rue avec le goût de Franck sur mes lèvres : c'est ça le bonheur.

Et ce soir comme tous les autres je vais danser. Je vais encore danser pour oublier.
Mais demain je n'aurai pas peur de la réalité. Parce que désormais il est là. Il est Là. Et je pourrai le voir, juste poser mes yeux sur lui et mes lèvres sur sa joue. Juste sentir qu'il n'est pas loin.

Et ils peuvent bien me reluquer comme ils veulent ce soir. Ils peuvent bien baver, bander, boire.
J'en ai plus rien à foutre.
Parce que la terre ne tourne plus autour du soleil.
La terre tourne autour de Franck.
Ma terre tourne autour de Franck.
Et non merci patron, je n'ai besoin d'aucune drogue ce soir.
C'est un peu terminé tout ça.
Avant je prenais des pilules.
Comme beaucoup d'hommes ici, je prenais des pilules.
Et ils prennent des pilules pour tout.
J'ai vu cet homme là, avec
le reste d'une jeunesse au fond de ses pupilles.
Dis moi cher junkie, est-ce que toi aussi tu saignes du nez à force de taper dans la mauvaise coke ?
Tu prends des pilules chéri. T'en fais pas, j'appelles tout le monde chéri. Et toi tu prends des pilules. Tu te mens à toi-même et tu es assez fait pour te croire. Tu prends des pilules pour te nourrir, tu prends des pilules pour dormir, pour être heureux, pour faire l'amour.
Le monde des médicaments s'apparente à celui des amoureux. Tout y parait factice pour qui n'y est jamais entré.
Alors je danse, et je n'ai pas de douleur dans le bas du dos.
Je danse et j'ai le sourire des filles piquées à l'héroïne. J'ai le sourire niais. De ceux qui comatent.
Et pourtant je suis vivante. Il y a toutes ces odeurs qui m'entourent. Et j'attends que le temps passe au rythme de mes coups de hanches. Je suis une danseuse.
Et Franck viendra me chercher par la sortie des artistes. Il m'attendra le pied sur le mur et me serrera dans ces bras parce qu'il fera froid dehors. Les réverbères s'éteindront et il me tiendra la main.
L'amour est une drogue, et je divague sous les projecteurs.
Je déteste les contes de fées.
Tout ceux qui ont grandit détestent les contes de fées. Sauf lorsqu'ils en ont partie.

 

Lundi 4 février 2008 à 19:27

 

« Vas-y alors. Je te récupère à la sortie. Il faut que je te présente quelqu'un. »
Présente moi qui tu veux Franck ! Présente moi qui tu veux !
Je suis prête à tout, je suis
toute à toi.
Je croyais pas que la vie pourrait être aussi simple. Je croyais pas que c'était possible.
Genre, tu viens, tu me trouves toute perdue dans la rue, tu me prends dans tes bras, tu me suis là où je t'emmène.
Et on reprend tout où on l'avait laissé.
On reprend tout. Et tant pis s'il ne reste rien aux autres.
Moi je m'en fiche maintenant. Je paierai tout l'or du monde pour que tu m'embrasses encore sous la pluie. Je paierais tout l'or du monde pour que tu sois toujours là.
J'ai compris ce que je cherchais Franck.
Maintenant je sais ce que je veux.
Je te veux toi.
Tous ces hommes dans mon lit, c'était parce que tu n'y étais pas. Toutes ces drogues c'était les sourires que tu ne me permettais pas. Toutes ces clopes, toutes ces fumées, c'était tous tes soupirs que je ne pouvais pas avaler. Tout cet alcool c'était pour combler ta salive qu'il n'y avait pas sur mes lèvres.
En te retrouvant je me suis retrouvée.
Et même si j'ai changé. Même si j'ai grandit. Même si je veux encore danser devant tous ces autres.
Maintenant je sais Franck. Maintenant je sais que ce que je veux c'est être auprès de toi le plus longtemps possible.

J'ai tout retrouvé en retrouvant ton étreinte.
J'ai retrouvé ma place.
Tes bras sont mon refuge, le seul endroit qui me convienne vraiment. Tes bras sont le seuil de mon Eden.  Le seuil de ma mort. Je veux y mourir Franck.
Je veux t'aimer à en mourir.
Et je veux plus jamais que tu partes.
Et je veux plus jamais partir.
Jamais sans toi.
Plus jamais rien sans toi.


Alors je l'ai laissée partir. Je l'ai laissée courir sous l'averse, le sourire aux lèvres.
Claudia je t'aime comme tu es belle.
Je l'ai laissée aller danser pour les autres. Je l'ai laissée aller être une autre.
J'ai bien compris Claudia. Plus que n'importe quelle autre tu veux qu'on te désire.
Et moi je te désire à ma façon. Personne ne te désire comme je t'aime.
Alors tu me reviendras. Et puis ce soir, demain matin, je te présente Lou.
Ce sont des vies qui s'entrecroisent. Des visages qui s'illuminent. Claudia j'aime quand tu m'embrasses les yeux fermés. Claudia j'aime lorsque tu poses tes doigts en cascade le long de ma nuque.

Il arrive parfois, que les choses se simplifient. Il arrive qu'elles aillent trop vite et qu'elles nous étouffent par le tourbillon qu'elles ont créé.
Pour défaire le nœud, il suffit de tirer sur le bon bout du fil.
Le bon bout. Il faut s'y pendre, s'y tenir.
A pleine main. Mais il ne faut pas se pendre avec le bon bout du fil.

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