Jeudi 22 mars 2007 à 10:04

Dans certaines vies, dans certains moments, il y a des mots que l'on a connu et puis que l'on oublie. Simplement parce qu'on ne les prononce plus.
ça va du mot "ardoise" jusqu'au mot "maman".
Et puis il arrive que des fois, on soit appelé à les redire. Et ça fait comme bizarre.
"Maman". "Ardoise". "Eclaboussure". "Papa". "Je t'aime". "Cornflakes". "Petit beurre".
Comme si ces mots n'étaient plus à leur place, comme s'ils n'étaient pas français.
Ils arrivents comme ça dans votre bouche, ce sont ceux qu'il faut dire mais ils vous paraissent comme iréels. Comme faux.
quand j'était petite, il m'arrivait de répéter un mots pendant cinq minute et d'en oublier le sens. ça marchait très bien avec cartable et aspirateur. Pour le premier j'oubliais vraiment ce qu'il désignait, et l'image qui se formait dans mon esprit au mot "cartable" C'était un bus, avec une table à côté.
C'est amusant les jeux de l'inconscient, mais il ne faut pas en abuser.

Il y a des prénoms qu'on oublie, des expressions, des dialogues, des images, des symboles.
Si j'en arrive à bientôt seize ans, et que j'oublie déjà le sens des mots...

Jeudi 22 mars 2007 à 9:21

J'avais énoncé clairement le problème. Ce problème qui était devenu ma seule vie.
Oui, c'était simplement ça, j'étais en train de perdre Claudia, et je ne voyais aucune issue.

"Il y a forcément une solution monsieur. On ne peut pas perdre quelqu'un sans qu'il n'y ai rien à faire. Seule la maladie fais ces choses là. Tant qu'elle n'est pas morte, vous pouvez la garder près de vous. Si vous l'aimez.
_Oui, je l'aime mademoiselle.
_Le lui avez-vous dit?
_non."
Elle a levé haut les sourcils et m'a regardé droit dans les yeux.
"Alors comment voulez-vous ne pas la perdre? Peut-être vous aime-t-elle aussi, et vous n'en savez rien, vous vous ratez tous les deux stupidement. Pace que vous ne parvenez pas à vous dire les choses. Vous savez, on ne peut pas prévoir à l'avance ce que la vie nous réserve. Et qui vous dit qu'elle n'est pas à l'instant en train de mourir?
_Je le sentirais.
_C'est ce que vous pensez. Mais permettez-moi monsieur, de vous conseiller de lui dire que vous l'aimez. Peut-être quitterez vous cet air triste.
_Peut-être."
Elle m'intriguait. Elle était un peu plus jeune que moi, de deux ans tout plus. Une meche rousse tombait élegamment le long de son visage fin, et en m'intéressant à ses yeux je vis qu'il était légérement rougis.
Apres quelques secondes de silence où elle sirotait sa grenadine j'ai repris la conversation.

"Et vous, êtes vous triste mademoiselle?
_Moi je suis dans l'attente, pas dans la tristesse.
_Et pourquoi vos yeux sont-ils si rouges?
_Parce que je n'ai pas pu les faire orange."
Elle était enfantine, et m'avait lancé cette phrase avec un sourire mesquin. Pourtant il n'y avait aucune agressivité en elle. Et pour une fois, j'avais envie de parler, ce silence ne me reposait pas, j'avais peur qu'elle s'en aille, ou qu'elle s'ennuie. Elle était là et je me sentais moins seul, c'était déjà ça.
"Qu'est-ce-que vous attendez mademoiselle?
_Le destin, la vie, je ne sais pas vraiment ce que j'attends. Un changement, un événement dont je ne sais rien.
_çe ne doit pas être évident.
_La vie n'est jamais facile monsieur, m'a-t-elle répondu dans un sourire. Mais il faut la vivre, on ne sait jamais."
elle tourna ses yeux vers la vitre, à la manière de Claudia et chuchota à nouveau cette phrase "on ne sait jamais..."
Quand elle reposa son regard sur moi ces yeux brillaient, et seul moi aurai pu le remarquer tellement son sourire rayonnait lui aussi. Elle termina sa grenadine et regarda le fond de son verre vide avec la moue des enfants qui viennent de débaler un cadeau qui ne leur plait pas.
"Vous voulez autre chose? Je vous l'offre.
_Non merci. Vous écouter me suffit. Où est-elle?
_Qui ça?
_Cette fille qui vous fait du chagrin.
_Je n'en sais rien.
_Moi non plus hélas...Il vous faut la retrouver monsieur, si elle vous aime vous y perdez tous les deux.
_Je pense la revoir demain soir.
_bien. alors nous nous reverrons peut-être demain. Je pense revenir ici. Ce café me plait bien, et puis il y fait meilleur lorsqu'il est vide.
_Je trouve aussi.
_Je vous souhaite une bonne soirée monsieur.
_Attendez, qui êtes vous?
_ L'incarnation de la solitude désespérée monsieur, mais vous m'avez donné un autre nom ce soir. Je vous en remercie.
_C'est vous qui êtes venue vous asseoir.
_Mais vous m'avez acceuilie. Merci. Je vous souhaite une bonne nuit."

Elle s'est levé puis a fermé en douceur la porte derrière elle.
Je l'ai regardé marcher dans la rue, elle n'était pas très grande et ne portait pas de talons.
Elle avait raison, il fallait que je parle à Claudia. Lui dire que je l'aime et puis on verra bien.
Parce qu'elle n'a pas tort vraiment, on ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête des gens.
"Je t'aime Claudia", ça devrait être facile, alors ne fais pas de bêtises Claudia tu veux bien...Attends moi jusqu'à demain soir.
Je te promets que je ne me tairais pas.

Lundi 19 mars 2007 à 19:32

Je suis sortis en même temps que la foule pour être sur qu'elle ne m'aie pas vu.
Ils sentaient tous l'alcool et certains avaient encore la braguette ouverte.
Non, décidément,
ce monde ci n'était pas le mien.
Me frayant un passage à travers les ivrognes, j'ai réussis à me retrouver seul dans une vieille rue.
Il faisait nuit.
A quelques pas il y avait ce café dans lequel Claudia et moi avions été assis.
Mais en cette nuit elle n'était pas là pour me proposer d'y entrer.
Je fixai la vitre salie par les pots d'échappements et j'ai sentit mes yeux s'humidifier.
"Tu faiblis Franck, me-dis-je, elle t'as ramollis le coeur."
Car je pensais à toi Claudia. A ce soir, comme à tous les autres.
C'est bête à dire, mais j'aurai voulu que tu me voies, que tu saches que je suis resté. J'aurai voulu que tu te jettes à mon cou jurant que tu m'aimes. Mais j'ai beau attendre Claudia, tu ne viens pas.

Cependant même si elle n'était à mes côtés j'ai poussé la porte et me suis assis à notre table. Dehors il a commencé à pleuvoir.
Comme si le bon dieu lachait les larmes que je ne pouvais pas me permettre.
J'ai commandé un café, noir.
Et puis je ne sais pas pourquoi j'ai fermé les yeux comme lorsqu'elle m'avait proposé de le faire. J'en suis même arrivé au point de croire qu'elle serait là quand je les rouvriraient.
Oh Claudia mon ange...
Il y avait effectivement quelqu'un en face de moi au moment venu. Mais ça n'était pas Claudia.

Cette fille-là était rousse, presque brune. Elle me regardait, un pale sourire sur le visage.
Ce même sourire que je lui ai rendu. Celui des gens qui ont le coeur gonflé de larmes.
"Je me suis permise de m'asseoir ici, a-t-elle dit, vous n'avez pas l'air d'un violeur, ni d'un voleur.
_me voilà rassuré, ai-je répondu
_Mais vous avez l'air triste monsieur."
Elle était plutôt jolie. Habillé simplement,
elle buvait ce qui ressemblait à une grenadine.
Assise sur cette chaise en face de moi, elle avait la même position que Claudia. Les jambes croisées comme celles d'une enfant et
le coude sur la table.
Il me semble qu'elle faisait partie de ces gens à qui on ne peut pas mentir. Ceux dont la présence vous inspire confiance et dont les yeux sont tranchants de sincérité.
Je ne savais pas qui elle était, je ne l'avais jamais vue. Elle était très surement de passage et je n'allais propablement jamais la revoir. Alors pourquoi ne pas m'ouvrir à elle, moi qui me sentais si seul.
A l'abandon, loin de ma Claudia.
"Je suis triste mademoiselle,en effet.
_et pourquoi donc? a-t-elle demandé tout sourire,
_Parce que je suis en train de perdre la fille que j'aime. Et que je ne sais pas comment y remédier."

Dimanche 18 mars 2007 à 11:45

"ça fait quelques jours déjà que je suis dans cette ville et je n'ai rien trouvé. Cependant je ne désespère pas.
Je crois en cette chose que l'on appelle "destin" ou "hasard". S'il faut que je la retrouve, je la retrouverai. Sinon je passerai le restant de mes jours à la chercher et tant pis pour le reste. Claudia, tu es devenue mon seul but, sache-le.
Lou."

Encore un soir à t'attendre.
C'est un perpétuel recommencement, ma vie tourne en rond.
Du moins c'est l'impression que j'aie...C'est un tourbillon dans lequel je risque de me noyer à tous moments. Je le sens bien...
Regarde ce que je suis, moi Franck, un lambeau de vie.
Claudia, ah te revoilà, belle et bonne dans tes talons aiguilles. Tu ne me vois pas, et tu penses surement que je suis déjà parti. tu as les yeux rouges. Claudia je t'aime. Mais tu ne m'entends pas, tu veux oublier je sais bien. Parce que tu veux changer, mais tu as du mal, parce que je suis là, et parce que je te rappelle comme on était bien avant, quand t'étais encore pure, encore chaste, quand on était tous les deux.
Claudia je t'aime.Et si cette de danse est devenu la tienne alors je l'aimerai aussi.

Tu es là Franck. Je te vois. Je t'ai vu. Et j'avoue que tu me surprends mon coeur, je pensais que tu te serais tiré comme à ton habitude. Il faut croire que tu as un peu changé. Mais nos vies et nos soirées commencent à être monotomes.
Franck, tu sais comme moi que rien ne dure et que l'ennui peut nous tuer. Il faudra quelque chose de nouveaux quand on sera au café d'accord?
Mais, tiens...Je vois que dans tes yeux il n'y a plus ce dégoût du premier soir. Peut-être est-ce juste que tu penses que je ne te sais pas ici. Ou bien peut-être as tu juste changé d'avis? tu m'aimes hein Franck?

Samedi 17 mars 2007 à 22:17

Je l'ai revu comme ça.
Celui que j'avais aimé.
Ils nous a suivit dans la rue. Et il m'a raccompagnée, ou plutot suivie, jusqu'à ce que j'arrive à la porte de ma maison.
Et puis il est resté devant chez moi, durant presque une heure.
J'ai voulu être gentille, j'ai parlé avec lui comme avec un "ami", comme avec n'importe quel garçon.
J'ai voulu le traiter d'ado à ado comme je fais avec tout le monde.
Jlui ai comme accordé une chance que ça aille, une chance d'être presque "amis". Mais rien à faire.
Je l'ai revu comme ça, et j'avais du mal à croire que c'était réel, c'était comme un cauchemar.
Et lui qui s'accrochait, qui me faisait du mélo-drame et qui se plaignait de ne pas avoir assez de larmes dans les yeux. Qui voulait une expliquation à tout prix alors qu'il n'y en a pas.
Il ne veut pas comprendre, il dit qu'il pourrait m'oublier, mais qu'il ne veut pas.
Il ne veut pas. Tant pis pour lui. Moi je ne peux plus rien faire.
(Je m'excuse d'étaler ma vie ici, mais comme dit yum, les blogs sont des thérapies en ligne alors allons-y. )
Et vous savez, de le revoir dans cet état qui m'insupportait plus que tout, le revoir me fixer comme un zombie attendant je ne sais quoi de ma part, le voir planté là à rien faire, ça m'a énervée, vraiment. C'était désagréable au possible, comme dans un cauchemar, vraiment.
Et puis je me suis souvenue, que non, l'amour n'en valait pas la peine.
Si c'était pour en arriver à de telles situations, ça ne servait à rien.

J'ai faillit tomber amoureuse d'un garçon de ma classe.
Et ba de revoir ce que ça donne avec le temps, ça ma remise sur le "droit chemin."
C'est surement triste je vous l'accorde, et j'ai certainement tort de penser ainsi.
Mais voilà, rien que d'y penser, rien que de repenser à lui, à son visage, à ses paroles bafouillées, à l'agressivité de sa voix et de la mienne, à ces "je t'aime" jetés comme des flêches contre un mur de pierre, à ce désespoir, et à cette colère qui prenait possession de moi. ça me dégoute.
Je suis libre là maintenant vous comprenez?
Et il me semble que je suis peut-être un peu volage intérieurement.
Alors pour l'instant non, les relations stables, ça me brule les ailes, ça m'emprisonne, ça me rapelle que j'ai des devoirs, des choses à faire, des gens à ne pas décevoir.
Je n'aime pas aimer. Mais j'aurai aimé aimer aimer.
C'est complexe, c'est l'amour, c'est la vie.

Enfin voilà, "les histoires d'amour finissent mal en général".
et ça j'y crois. Après, elles se terminent plus ou moins tard, mais rarement dans de bonnes conditions. Y aura toujours des larmes ou des remords à la fin.
Très peu pour moi merci.

Alors je sais bien que je ne pense pas comme il faut.
Je sais aussi que ça me passera.
Seulement voilà, ce soir-là, je me suis souvenue;
que ça n'en valait vraiment pas la peine.

rassurez-vous:
ça passera
ça passe toujours

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