Dimanche 21 novembre 2010 à 19:57

Je dors avec lui et tu le sais.
Rien de plus.
Juste une nuit de tendresse, celle absente de tes bras.
Il a à m'offrir tout ce que tu te refuses à partager avec moi.
Et tu le sais, et puisque tu n'es pas là, tu n'engages aucune action, tu laisses faire sans même te mordre les lèvres.
Sans même vouloir lui casser la gueule.
Si sur de toi.
Et moi si peu.

La distance entre nous reste toujours supérieure à zéro, mais il lui arrive d'être nulle.
Nos salives ne se mélangent pas, le contraire m'écoeurerait. Je ferme seulement les yeux en soupirant et il respire du même coup.
Rien de plus. Rien de vraiment mauvais. Comme deux solitudes qui se rencontrent mais ne se compenseront jamais.
Je ne l'aime pas et ce, pour toujours. Il ne pourra jamais me plaire jusqu'à faire battre son coeur dans mon ventre.
Mais c'est cependant lui qui partage son lit avec moi.
Je rêve dans un chateau, il veille sur moi comme je veille sur ses secrets.
Et tu le sais.

Ce qu'il veut me faire comprendre, c'est que je ne suis pas une mauvaise personne.
Il dit que la culpabilité sur mon visage de me maquiller pour un autre que toi le prouve. Pour moi, le geste même est preuve de l'inverse.
Je lui plait, et il ne me déplait pas non plus. Rien d'autre. A part peut-être une complicité trop forte pour être vraiment protectrice.
Les vêtements ne sont pas une barrière. Il est des mises à nu sans aucun geste.
Nous les pratiquons sans même un mot.

Tu sais, sa peau n'est pas douce, mais ses intentions le sont.



Dimanche 21 novembre 2010 à 15:27

Au lieu de manifester pour une retraite que nous n'aurons pas dans quarante ans, peut-être ferions-nous mieux de manifester pour les opportunités que nous n'aurons pas non plus demain.
Peut-être qu'au lieu de cracher sur les politiques, nous devrions nous rendre dans la rue pour protester contre ceux qui baclent les lois et rendent la justice spontannément injuste "au nom du peuple français".

Le commun des mortels.

Ou juste chercher des yeux celui qui partagera le reste de notre vie. Et puisqu'on ne trouve pas, prendre le premier qui passe en espérant seulement que ce ne soit pas le pire.
Tu vas à des soirées, tu fais les magasins, tu prends des notes et regarde des films. Tu envoies des texto et des messages facebook. Tu ne peux pas t'empêcher de décrocher quand on t'appelle sur ton téléphone portable.

et ça te fait mal au coeur de voir que les autres n'ont rien perdu quand toi tu n'as plus rien.
Rien que des apparences, des souvenirs rafistolés en présent, parce qu'accepter que ce ne soit plus aussi bien qu'avant, c'est trop difficile.
Les éclats de rire ont laissé place à des éclats de verre.
Tu voudrais figer l'instant pour pouvoir le réinterpréter à ta façon. Ce qui compte c'est d'être sur les photos et d'y sourire.
Un joli portrait de famille. Une rayonnante photo de classe. Un petit groupe entassé dans un photomaton.
Les visages glacés que tu regardes en souriant, le coeur un peu trop serré.
Et le temps qui passe. Tu mets tout tes espoirs en lui et te disant que peut-être demain...

Peut-être que demain nous pourrons crier "vive la france!" sans que l'on ne nous voie comme l'extrême droite avide de déportation.
Réussir à être ce que nous sommes, ça demande tellement de force, tellement de courage.
Tellement d'obstacle à affronter seul pour ne plus l'être.


Vendredi 27 août 2010 à 10:13

J'aurai aimé que quelqu'un me prenne la main, poser ma tête sur son épaule et entendre "ne sois pas triste".
Ne sois pas triste.
Prendre le taureau par les cornes pour faire en sorte que les choses s'arrangent, pour dormir plus de trois heures par nuit et faire des rêves dont on ne se réveille pas la peur au ventre.
Ton corps chaud contre le mien, cette odeur familière, un cocon. Le temps qui passe, la pluie et le soleil qui s'alternent, nos rapports qui s'altèrent.
Sculpture d'argile, on arrondis les angles, on comble les fissures, on s'embrasse de temps en temps lorsque le ciel est un peu gris.
J'aurai voulu aussi que le piano ne s'arrête jamais, que le temps se fige, un monde sur pause. pouvoir observer chaque détail, chaque courbe, chaque ligne, chaque nuance de couleur sur ta peau tièdie.
Il ne faut pas trop devancer les choses. Ce n'est pas parce que l'on a compris comment faire que tout devient faisable.
Il faut du temps, ne pas se croire prêt trop tôt.
Ce qui est bien à nos âges, c'est qu'on a la vie devant nous.
Ils ne nous demandent pas "vous faites quoi dans la vie?", ils disent
"Qu'est ce que vous voulez faire plus tard?"

Dimanche 15 août 2010 à 22:29

écouter la pluie tomber. rentrer trempée dans un pull en laine.
Je voyage en train. Je rêvais.
Il lisait Oscar Wilde en version originale. J'oscillais entre La valse lente des tortues et Perspective on the making of America.
La place à côté de moi était libre. Premiers sourires. Ils veulent dire "je ne suis pas hostile".
Regards en coin. Les pensées à toute allure, les phrases à dire, qui restent coincées dans ma gorge.
Est-ce que c'est pareil pour lui?
Lorsque nos coudes se frolent, on ne s'écarte pas. On ne dit rien.
Légère pression de sa manche contre ma manche.
Ne rien dire. On ne sait même pas dans quelle langue se parler, anyway.
J'aurai du dire "do you know where you'll sleep tonight?", "do you wanna talk?".
J'aurai au moins du dire "bye" et lui laisser un sourire.
J'avais un autre train à prendre. je ne pouvais pas.

Je suis montée dans un autre wagon. J'avais rien dans les yeux.
Des questions peut-être, des regrets surement. Des tas de "j'aurai du. J'aurai du?"
Un jeune autre me lance "vous êtes très belle madame". Je suis vide, je flotte, je réponds merci et je file.
Ma dame. J'ai même pas encore vingt ans mon petit.

Oscar Wilde.
Dire que j'attendais ça. je me disais, "si quelqu'un vient, j'aimerai qu'il soit comme ça".
Il était comme ça.
Je l'ai à peine vu, c'est peut-être ça qui pose toute la magie.
Il lisait Oscar Wilde mais j'avais un autre train à prendre...
I should have...

Mercredi 11 août 2010 à 23:02

Des égratinures. Sur les bras, les poignets, le dos, les cuisses.
Des lignes rouges comme des ronces en colère.

Il regarde dehors. 
Dehors il y a tant de choses à faire, tant d'endroits à voir, tant d'êtres à aimer.
http://futile.cowblog.fr/images/Hell20054.jpg
Je vois des hommes. Chaque jour. Je vois leur nuque, l'ombre de leur cil sous leur yeux.
Je vois leur phalange, leurs clavicules. J'entends leurs voix, je sens leur odeur, leurs parfums. Je vois leurs artifices et leur naturel.
Je regarde leurs mains qui s'agitent, qui saissisent des objets, caressent des angles, s'appuient, pincent, grattent.
Je vois leur bras, les vêtements qu'ils portent et les regards qu'ils posent.
Je voudrais en attirer un. Etre une araignée, je sais tisser une toile, je sais attirer une proie.
A défaults d'avoir l'esprit apaisé, je leur ferais les yeux doux.
En avoir un, avoir l'impression qu'il m'aime et que je l'aime aussi.
Se saisir, se séduire, se plaire. S'attiser, s'attirer.
Finir peau contre peau. Pour la beauté du geste. pour l'attraction des corps, pour les courbes, les nuances de peaux, les couleurs. pour les ombres et les lignes de deux êtres humains enlacés. Pour graver cela, l'image d'un amour.
L'image.
Je les vois, chaque jour. Des centaines.
Des sourires, des sourcils froncés, des lèvres pincées, des yeux pétillants.
Des jeunes, des vieux. Des immatures et des mûrs. Des frivoles et des fidèles.
Des attentionnés et des malattentionés.
Je les vois.

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